Côte d’Ivoire : le Commandant Tracteur, proche de Guillaume Soro, dans le viseur de la justice ?

  • 01/11/2018
  • Source : Jeune Afrique
Figure des Forces nouvelles, proche de Guillaume Soro, Salif Traoré, alias Commandant Tracteur, est aujourd'hui dans le collimateur de la gendarmerie. Mais depuis le 13 octobre, il reste introuvable. En toile de fond, le rôle qu'il a pu jouer lors de la campagne des municipales, où il soutenait Téhfour Koné à Abobo...

Salif Traoré est-il en cavale ? Il n’a, en tout cas, pas regagné son domicile d’Attoban, à Abidjan, depuis une dizaine de jours. S’il est peu connu du grand public, cet ancien chef de guerre charismatique, connue sous le surnom de Commandant Tracteur, fut une des figures importantes de la rébellion des Forces nouvelles (FN) et participa activement à la prise d’Abidjan lors de la crise poste électorale de 2010-2011. Ce n’est pas un militaire gradé, mais il fut pendant quelque temps chargé de la question des ex-combattants par le ministère de la Défense.

Ses ennuis ont commencé au soir des élections municipales et régionales du 13 octobre. En milieu de soirée, Salif Traoré quitte Abobo accompagné par neuf proches. Son convoi, composé de deux véhicules, tombe dans un énorme embouteillage au niveau d’un carrefour très fréquenté quand une cinquantaine de jeunes, certains armés de machettes, commencent à l’encercler. Selon une personne présente au moment des faits, il s’agissait de « membres d’un syndicat de transporteurs [ces groupes qui gèrent les gares de transport à Abidjan, ndlr] ». Des éléments de la FRAP – une unité de la police – et de la gendarmerie observaient la scène, assurent plusieurs sources.

Détention illégale d’armes

La tension monte rapidement. Il fait nuit et la foule est nombreuse. Se sentant directement visé, Tracteur profite d’un moment de confusion pour s’enfuir. Mais six personnes, dont son chauffeur et son garde du corps, sont appréhendées et remises à la police. Après avoir été maintenues en détention pendant dix jours au camp d’Agban, à Abidjan, cinq d’entre elles sont déférées à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) le 23 octobre, pour trouble à l’ordre public et détention illégale d’armes – deux armes à feu et un couteau ayant été retrouvés dans l’un des véhicules.

Depuis, s’il n’est officiellement pas visé par l’instruction, Salif Traoré est en fuite. Et certains de ses proches disent craindre pour leur vie. Convoqué le 15 octobre par la brigade de recherche de la gendarmerie, « Tracteur » a préféré se faire représenter par un avocat. Et quand les enquêteurs se sont présentés à son domicile, le 19, il ne l’y ont pas trouvé...