Rififi dans la chefferie de Yamoussoukro: Pour la 1ère fois, Guillaume, le fils aîné d’Houphouët, parle

  • 04/11/2013
  • Source : L'Inter
A un mois de la visite d’État du président Alassane Ouattara à Yamoussoukro, un groupe de chefs coutumiers a décidé de désigner un nouveau chef de canton, ravivant ainsi la bataille pour le contrôle du trône chez les Baoulé Akoué.

Une rencontre a eu lieu à cet effet, le mercredi 30 octobre, dans le village de Seman, et M. Augustin Dahouet a été désigné comme le prochain chef de canton des Baoulé Akoué de Yamoussoukro, en lieu et place de l’actuel gouverneur, le Dr Augustin Thiam considéré par les chefs présents à Seman, comme un simple intérimaire.
 
Le choix d’Augustin Dahouet, au dire de ces chefs, est celui de la famille Houphouët-Boigny. « Nous avons mené toutes les démarches auprès de la famille Boigny. Une mission a rencontré Guillaume Houphouët. Nous avons sa caution et sa bénédiction », ont-ils soutenu.
 
Le fils aîné de feu Houphouët-Boigny que nous avons joint au téléphone hier pour en savoir davantage, s’est d’abord étonné de ce qu’une rencontre de désignation de chef soit en cours. Avant de précisé : « Je ne suis pas du tout concerné ». «  (…) Et c’est faux de dire que je cautionne la désignation d’un chef », nous a confié Guillaume Houphouët, qui note qu’en tant qu’aîné, s’il était concerné, il se serait mis au-devant des choses.

« Non, non, non … Je ne me mêle pas à cette sorte de mascarade. Je ne suis pas concerné et je n’emmerde personne », a-t-il insisté, expliquant que les enfants d’Houphouët ne sont d'ailleurs pas concernés par les questions de chefferie de Yamoussoukro. « Chez nous les Akan, l’héritage se transmet par les femmes. Moi, ma mère vient d’Abengourou, c’est donc là bas qui me concerne et non Yamoussoukro », a-t-il conclu.
 
Pour la chefferie traditionnelle de Yamoussoukro, dans sa majorité, ce qui se passe n’est pas digne de leurs auteurs. « D’ailleurs, nous a confié l’un des chefs, Augustin Dahouet n’a pas la qualité pour être chef du village de Yamoussoukro, encore moins du canton».
 
Selon des confidences qu’il nous a faites, documents à l’appui, Monique Dahouet, la mère d’Augustin Dahouet, n’est pas directement de la famille Houphouët comme on le croit. « Le président Houphouët-Boigny  avait 2 sœurs (Mamie Faitai et Mamie Adjoua) et un frère cadet. Augustin, le frère cadet est décédé en 1938 et est supposé avoir eu 2 enfants : Dia Augustin et Amlan Monique, épouse Dahouet. Seulement, c’est près de 10 ans après sa mort que Amlan Monique a été emmenée dans la cour des Boigny et celui qui l’accompagnait l’a présentée comme enfant du défunt Augustin.

Elle avait un jugement supplétif qui indiquait qu’elle est née en 1942. Ce qui était gênant, d’autant plus que son supposé père est mort en 1938, donc près de 4 ans avant la naissance de sa fille (…) Mais comme de nombreux autres enfants, elle sera gardée dans la cour sans que les gens ne se posent trop de questions. Elle deviendra, par la suite, Monique Ouffouet, épouse André N’Dri (adjoint au Maire de Bouaké) qui deviendra par la suite Dahouët. En 1974, Monique a saisi le tribunal de Bouaké, alors présidé par le magistrat Abaka Robert, pour demander que sa date de naissance soit rabaissée au 1er janvier 1937 et que son patronyme soit modifié et transformé en Houphouët-Boigny.

Elle a obtenu gain de cause au jugement rendu le 14 juin 1974. Dans la famille, tout le monde sait cette vérité, mais temps que cela lui profite, on ne trouve aucun inconvénient », a révélé le chef qui conclut que ce qui pourrait tout bouleverser, « c’est le fait qu’elle veut aujourd’hui déstabiliser le lignage (de la chefferie) pour que son fils devienne le chef de village de Yamoussoukro et du canton Akoué ».
 
 
 
Blaise BONSIE à Yamoussoukro