Très populaires aux États-unis et en Europe, les investisseurs et accompagnateurs de jeunes entreprises, aussi appelés business angels, ont désormais leur pendant ivoirien. Ils sont africains, européens ou membres de la diaspora et forment un nouveau réseau très influent et respecté.
Dans une petite salle de la Dream Factory d’Abidjan, un incubateur de start-ups, des avocats et une magistrate français viennent expliquer le b.a.-ba du droit des affaires à de jeunes entrepreneurs ivoiriens endimanchés. Dans l’assemblée, timidement caché derrière plusieurs start-uppers, Firmin Kouadio vient en observateur et en tant que business angel pour, peut-être, investir dans une entreprise d’avenir. « C’est le projet, mais surtout le profil de l’entrepreneur qui m’intéresse », souligne le gérant d’ICO Pub, une grosse entreprise de publicité d’Abidjan.
Lors de ce séminaire de deux jours, les jeunes entrepreneurs ivoiriens suivent une formation accélérée dans différents domaines : management, gestion, communication, droit… puis sont potentiellement repérés par les business angels et les clubs d’investissements du pays. « L’idée, c’est de créer un réseau et de pousser les entreprises qui ont du potentiel. Il faut donc former les entrepreneurs, les éduquer au marché, à la finance, pour qu’ils puissent s’en sortir et convaincre des gros porte-monnaie », résume Julien Achille Agbe, directeur d’EIC Corporation, l’organisme qui met les start-ups ivoiriennes et les business angels en relation.
Investir à plusieurs
En clair, l’objectif est d’éviter de reproduire l’erreur de nombreuses jeunes entreprises ivoiriennes qui se lancent sans business model ni vision à long terme et manquent de structuration pour attirer les investisseurs.
L’an dernier, Firmin Kouadio a financé et accompagné deux structures « triées sur le volet » sur les 120 de départ: Allomiam, entreprise de restauration rapide et Gabea, une SARL spécialisée dans l’agriculture. L’homme d’affaires est donc propriétaire des parts de ces entreprises durant 5 à 7 ans et propose son expertise durant la totalité de la période afin que « les start-ups deviennent de grandes PME ».
Dans les pays occidentaux, les business angels utilisent leurs fonds propres et investissent seuls dans les entreprises qu’ils choisissent. En Côte d’Ivoire, le modèle est un peu différent. « En Europe, les business angels posent leur chèque de 50 000 ou 100 000 euros. Ici, on investit à plusieurs, entre 5 et 20 personnes par secteur, pour ne pas se casser la figure », explique Julien Achille Agbe. Les business angels cotisent chaque année 500 000 de francs CFA (760 euros) au sein d’Ivoire Business Angel Network (IBAN), un réseau lancé en 2015 par l’influente femme d’affaires Suzanne Abrogoua...
Incubateur Dream Factory à Abidjan © Facebook