Bien que premier producteur de cacao, avec 40% du marché mondial la Côte d’Ivoire transforme moins de 5 % de ses fèves de cacao perdant ainsi d’immenses recettes liées à la valeur ajoutée de ce produit qu’est le chocolat. Aussi, quand un maitre chocolatier ivoirien rencontre une coopérative de cacaoculteurs cela donne enfin naissance à un projet qui permet au pays de résoudre l’un de ses plus grands paradoxes : faire de ce pays non plus un « simple » producteur de fèves mais un « véritable » transformateur de chocolat.
La barre ressemble à un gros lingot, un lingot d’or noir. Il s’agit de chocolat destiné à la pâtisserie d’une teneur de 75 % d’un cacao certifié commerce équitable torréfié par des femmes d’une coopérative de Yamoussoukro. C’est Axel Emmanuel Gbaou, un chocolatier ivoirien plusieurs fois récompensé pour son savoir-faire qui est à l’origine de ce projet
« Le projet vise à installer des chocolateries en milieu rural de sorte à ce que les producteurs puissent gagner un peu plus sur le cacao que ce qu’ils gagnaient auparavant, explique-t-il. Figurez-vous qu’un paysan gagne moins d’un dixième du prix de la tablette de chocolat vendue à l’international. Aujourd’hui, on veut faire en sorte qu’il puisse au moins gagner le tiers pour avoir un produit très compétitif parce qu’il est quasiment 40 à 50% moins cher qu’un même produit fait par les autres multinationales du chocolat ».
Avec ce cacao Ecoya, tout le monde y gagne. Le consommateurs avec un prix d’achat inferieur au cacao exporté pour transformation puis réimporté pour le marché intérieur, les industries, restaurants et pâtisseries dont le produit est d’une qualité supérieure et les cultivateurs qui touchent directement le fruit de la plus-value produite par une transformation locale.
Faire travailler une centaine de femmes dans 2-500 coopératives
« Pour moi, c’est donner l’exemple aux femmes. Je reviens à la terre pour donner de la valeur, témoigne Marie-Laure Houphouët, une ingénieure Telecom qui a quitté momentanément son activité pour transformer son cacao au sein de la coopérative Ecoya de Yamoussoukro. Avec les quelques jours que l’on a fait déjà, je sais que l’on peut mettre de côté et créer ma boîte et ainsi apporter de l’emploi-».
Le projet de chocolat Ecoya est de faire très vite travailler une centaine de femme dans chacune des 2 500 coopératives du pays. Pour cela cette initiative privée cherche des financements pour accélérer une entreprise qui rencontre déjà l’assentiment des femmes transformatrices et de certains acheteurs de ce cacao véritablement « Made in Côte d’Ivoire ».
Avec le cacao Ecoya, un chocolatier lance un chocolat «Made in Côte d'Ivoire» - Photo à titre d'illustration