La machine électorale est en marche à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire. Cette élection sensée mettre fin à l’intérim assumé jusque-là par Nicolas Djibo et surtout renouveler l'équipe des délégués actuels( dont le mandat est échu depuis 2008) et donner une crédibilité à cette chambre consulaire ivoirienne pourrait ne pas connaître d’issue heureuse, si l’on n’y prend garde. Au regard des manigances en cours, tout porte à croire que l'on cherche à écarter des candidats de poids
L’élection du président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire, c’est pour bientôt. Les potentiels candidats dévoilent peu à peu leur prétention. Parmi ceux-ci, l’on note le patron du groupe pharmaceutique Gompci-Dpci, Parfait Kouassi,ancien Président de l'ordre des Pharmaciens qui fait office de favori, et Souleymane Méité, président fondateur de la Société nouvelle d’assurance et de réassurance en Côte d’Ivoire (Sonar-CI), tous deux non membres des élus actuels. En face de ceux-ci, deux membres élus actuels, qui veulent que l’accès à la présidence de la CCI leur soit réservé en dépit de tout bon sens: Traoré Brahima, entrepreneur,qui ne semble pas se satisfaire de ce que Jean louis Billon vient de lui céder le fauteuil de président du conseil régional du hambol, et Touré Faman,de SAFA assurances,(une société récemment vendue à des marocains) actuellement prétendant à la présidence de la MATCA( Mutuelle d'assurances des Taxis-Compteur ),et dont la nomination au poste de 1er vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie par Nicolas Djibo, avait suscité de vives protestations de la part de certains élus actuels.
La crédibilité de la future élection passe par une compétition ouverte à tous . Le plus important est que les opérateurs économiques choisissent en toute liberté leur futur porte parole. Les mic mac en cours où l’on veut coûte que coûte écarter certains candidats sur la base de ce qu'ils ne sont pas membres de l'actuelle mandature sont incompréhensibles. Si cette disposition avait existé, ni Jean louis Billon, ni avant lui Seydou Diarra n'aurait pu être président de la CCI. C'est comme si on disait que pour pouvoir être président de l'assemblée nationale, il fallait être un député sortant. Guillaume Soro ,n'aurait pas pu se faire élire au perchoir . Même si la dernière assemblée générale des élus de la CCI n’a pas encore livré tous ses secrets, les intentions sont bien connues. Comme on le voit, la jurisprudence Hayatou (NDLR: modifier les textes la veille de l’élection pour interdire la compétition à des candidats sérieux) a fait des émules sur les bords de la lagune Ebrié. Cette incongruité qui est contraire aux textes statutaires actuels régissant la chambre de commerce, ne favorise pas le jeu de la démocratie, et n'est pas du gout des opérateurs économiques, qui ne comprennent pas que d'autres acteurs économiques dignes de ce nom, soient réfractaires à la concurrence. Selon certains, on ne vient pas à la CCI pour faire carrière. Et l’intérêt d'une chambre est son renouvellement, pour coller au monde économique du moment. Pour de nombreux responsables du secteur, les élus actuels qui, soit dit en passant, sont en place depuis 2002, ne sont plus représentatifs du monde économique d’aujourd’hui.Ils ont perdu toute légitimité. Très peu d'entre eux pourront d'ailleurs se faire réélire lors des prochaines élections. Pour beaucoup d’observateurs c’est justement parce qu’ils redoutent leur future minorité que les élus actuels essaient de s'accaparer la présidence en proposant une disposition aussi stupide.
Toutefois, il est peu probable que l’État ivoirien se laisse abuser par les rêveries de ces élus actuels. Le président Ouattara qui a tant souffert de l'exclusion ne peut permettre que sous son mandat, des actes d'exclusion soit posés. Il est peu évident que le code électoral actuel de la CCI relatif à la présidence soit modifié. Ce texte indique que sont éligibles selon l’article 22 relatif à l’élection à la Chambre de Commerce: «dans la catégorie où ils sont électeurs tous les membres du corps électoral, de l'un ou de l'autre sexe: âgés de 25 ans au moins; parlant et écrivant la langue officielle; résidant habituellement dans la circonscription de la Chambre; ayant exercé leur activité commerciale depuis:
a) trois ans au moins en Côte d'Ivoire ou sur le territoire d'un État africain ou malgache de la Zone;
b) trois ans au moins dans un établissement installé dans des pays étrangers voisins».
C’est bien clair.
Pourquoi l’État ne doit pas accepter une telle forfaiture
Au regard du caractère inique des modifications proposées, l’État ne doit pas accepter ou cautionner les résolutions de l’Ag de juin dernier, soulignent des amis des candidats. Qui précisent que l’État de Côte d'Ivoire demeure toujours le maître à travers la tutelle de cette chambre consulaire.
A ce titre, il doit peser de tout son poids pour que l’élection du président se fasse sur la base des anciens textes existant, étant donné que les élus actuels sont largement illégitimes. Par conséquent, estiment les observateurs et opérateurs économiques, les anciens élus ne peuvent manipuler les textes pour placer quelqu’un de leur choix, en excluant des candidats de poids . Le ministre de tutelle, Jean louis Billon qui se dit partisan de la bonne gouvernance et de la transparence est attendu au tournant encore une fois. Sa dernière sortie par rapport à la passation du marché de second terminal à conteneur est un témoignage éloquent. En attendant d’être bien situé sur la cabale en cours, des candidats à la candidature promettent de saisir la chambre administrative de la cour suprême ou même le Conseil constitutionnelle si l'exclusion était consacrée dans les nouveaux textes devant régir la prochaine élection a la CCI.
Affaire à suivre…
Honoré Kouassi
Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire / Succession de Jean Louis-Billon : Vers une politique d’exclusion contre des candidats sérieux - Photo à titre d'illustration