La 1ère audience de Blé Goudé qui a eu lieu le 27 mars 2014 devant la cour pénale internationale relance la question sur la nature de la justice du pouvoir d’Alassane, à la sortie de crise.
Rappelons que lors de son discours après l’arrestation de Gbagbo, Alassane Ouattara a affirmé son désir d’actionner la justice contre les responsables des violences post-électorales survenues en Côte-d’Ivoire et il a presque tenu parole car deux ans plus tard, plusieurs pro-Gbagbo ont été arrêtés le lundi 4 février 2013 au Ghana.
Parmi eux, on pouvait citer le Commandant Jean Noël Abéhi, l’un des piliers de l’appareil sécuritaire du régime de Laurent Gbagbo. Jean Yves Dibopieu, un ex cadre de la jeunesse patriotique, farouche partisan de Laurent Gbagbo. Ces arrestations font suite à celle de Charles Blé Goudé, ex ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo intervenue le 17 janvier à Téma au Ghana. Surnommé le ‘‘général de la rue’’, il été inculpé pour ‘‘crimes de guerre’’ et a comparu devant la CPI, le 27 mars 2014.
Si l’on peut considérer que ces mesures prises pour rendre la justice sont louables, ces individus étant impliqués dans des actes passibles de poursuites, il est néanmoins évident que la justice ne sera équitable que si elle agit en direction également de l’autre camp, en l’occurrence dans le camp du Président Alassane Ouattara, vainqueur du bras de fer post-électoral.
Et pourtant, ce ne sont pas les fondements de poursuite qui manquent à la justice ivoirienne pour agir équitablement. D’après Human Rights Watch (HRW): ‘‘Les forces loyales au président élu Alassane Ouattara ont tué des centaines de civils, violé plus de 20 femmes et filles perçues comme appartenant au camp de son rival, Laurent Gbagbo, et incendié au moins 10 villages dans l’ouest de la Côte d’Ivoire ’’.
Des noms tels que Eddie Médi, Losseni Fofana, Chérif Ousmane, Ousmane Coulibaly et Amadé Ouédraogo rémi, tous des pro-Ouattara ont été cités dans un rapport rendu public par HRW, chacun ayant sa part de responsaibilité pour des massacres, des incendies, des viols, des tortures etc. À ce jour, seul Amadé Ouédraogo Rémi, ex-chef milicien à l’Ouest, a été arrêté.
A environ un an de la fin du mandat du President Alassane, il est légitime de porter cette interrogation à propos de la justice ivoirienne: va-t-elle pouvoir se laver des soupçons, assez fondés, de partialité qui ternit son image? Il est souhaitable que cela se fasse maintenant et que les Ivoiriens se penchent enfin sur une véritable réconciliation.
Bintou Diallo
Côte d’Ivoire : la justice va-t-elle enfin se montrer impartiale? - Photo à titre d'illustration