Côte d’Ivoire : Michel Gbagbo, fils de Laurent, et l’un des rares à avoir la confiance de son père

  • 04/10/2017
  • Source : Jeune Afrique
Longtemps en retrait de la politique, Michel Gbagbo, fils de l’ancien président ivoirien, n’a découvert le pouvoir de son nom qu’à sa sortie de prison, en 2013. Depuis, il s’est fait une place au FPI et se verrait bien député.

Le temps a écaillé les murs de la bâtisse et évaporé les rires de ses habitants. Dans le jardin, les chaises en plastique usé témoignent des courtisans qui se succédaient sous le petit préau, mais aujourd’hui seul le caquètement des poules accueille le visiteur. La petite maison du quartier de la Riviera (Abidjan) est bien vide depuis avril 2011 et le départ de son propriétaire, Laurent Gbagbo, incarcéré à la prison de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Lorsqu’il apparaît dans une pièce, trop grande pour les quelques meubles qui y sont entreposés, le fils aîné de la famille s’excuse presque. Caché derrière les doubles foyers de ses lunettes, Michel Gbagbo pèse chacun de ses mots. On cherche une ressemblance entre ce timide et son tribun de père, un mélange de gouaille et de charisme.

« On m’appelle l’héritier, dit-il simplement. Tout cela n’est qu’un accident biologique. » Il est désormais le gardien du temple, chargé d’occuper la maison familiale, offerte par Félix Houphouët-Boigny dans les années 1970 à la sortie de prison de son plus fervent opposant.

Son nom, il le porte comme une croix, mais ne le renie pas. Il adore son père, « génie politique et combattant hors norme, parti de rien et arrivé au sommet ». « Il est même un peu écrasé par cet héritage et n’a jamais osé s’opposer à Gbagbo », confie l’un de ses amis.

Le premier enfant de Laurent Gbagbo

Longtemps inconnu, le visage de Michel Gbagbo apparaît sur les écrans de télévision des Ivoiriens le 11 avril 2011. Ce jour-là, aux côtés de son père et de sa belle-mère, Simone Gbagbo, Michel est hagard. « J’ai cru qu’ils allaient me tuer », souffle-t‑il. Les militaires des Forces nouvelles (FN) se contentent de le rouer de coups. Quelques mois plus tard, une vidéo le montre dans la prison de Bouna, sommé de faire des pompes par Morou Ouattara, l’un des anciens commandants de zone de la rébellion.