Après la dernière vague de prisonniers pro-Gbagbo libérés, une autre mesure pourrait tomber en vue de décrisper l'atmosphère politique d'ici la fin du premier mandat d'Alassane Ouattara. Le chef de l’État pourrait poser un acte fort visant à consolider la réconciliation nationale. C'est du moins ce qu'a laissé entendre le porte-parole du gouvernement dans une interview diffusée hier sur Onuci.fm. A en croire le ministre Bruno Koné, une décision présidentielle pourrait tomber au terme de la procédure judiciaire engagée contre les dignitaires de l'ancien régime et d'autres pro-Gbagbo. Selon le ministre, Alassane Ouattara attache une importance particulière à la lutte contre l'impunité. Aussi n'entend-il pas entraver la procédure judiciaire en cours contre les pro-Gbagbo incarcérés ou mis en liberté provisoire. « Par principe, nous n'interférons pas dans le processus judiciaire. Il faut laisser la justice faire son travail. Notre pays veut en finir avec l'impunité et il faut accepter que ceux qui, à un moment donné ont fauté, soient passés devant les tribunaux de façon à ce qu'il y ait un jugement en bonne et due forme », a dit le porte-parole du gouvernement, se faisant ainsi l'écho de la position de l'exécutif sur la requête principale du Front populaire ivoirien( Fpi), à savoir la relaxe pure et simple de tous ses partisans actuellement dans les liens de la justice.
Cela dit, le chef de l'Etat n'est pas fermé à l'idée de faire un geste susceptible de racheter tous ceux que la justice aurait condamnés. C'est en tout cas ce qu'a laissé deviner Bruno Koné, en ajoutant aussitôt : « Et que, après ce jugement qui est rendu, le chef de l'Etat puisse, le cas échéant, prendre une décision autre que celle de maintenir ces personnes dans les liens carcéraux ». Par ces mots, il lève un coin du voile sur le plan secret qu'Alassane Ouattara aurait dans le tiroir et qu'il pourrait sortir le moment venu, pour donner un coup d'accélérateur au train de la réconciliation. Le porte-parole du gouvernement ne s'est pas contenté de dévoiler cette intention que nourrit secrètement le chef de l'Etat, il a également répondu à la réclamation adressée au gouvernement par le président du Fpi, Affi N'guessan, relativement au retour au pays des exilés pro-Gbagbo.
Sur ce sujet, Bruno Koné a estimé que l'exemple même d'Affi N'guessan devrait suffire à convaincre ceux des leurs qui hésitent encore, à rentrer au bercail. « Nous sommes très heureux que ces demandes viennent de M. Affi N'guessan, qui s'exprime comme il veut dans la presse, dans les médias d'Etat, sans être inquiété. Tout cela se fait dans ce que le chef de l'Etat souhaite, c'est-à-dire une Côte d'Ivoire qui est un Etat de droit. Dans cet Etat de droit, il y a une place pour tous les Ivoiriens. Affi N'guessan circule aujourd'hui librement en Côte d'Ivoire. Qui d'autre au Fpi ne pourrait pas le faire ? Donc que tous ceux qui veulent participer à la vie publique en Côte d'Ivoire, reviennent », a-t-il soutenu.
S'agissant des états généraux de la République que réclame l'ancien parti au pouvoir, la réponse du gouvernement est sans équivoque : c'est non, si l'on s'en tient à ce qu'a déclaré Bruno Koné. « Il reviendra au chef de l'Etat de donner une réponse le moment venu(...) Il y a déjà des chemins par lesquels la Côte d'Ivoire est passée et par lesquels il ne sert à rien de repasser. On sait qu'en 2001 déjà, il y a eu le Forum de la réconciliation nationale, qui est dans le format de ce que vous êtes en train de décrire ( les états généraux de la République proposés par Affi N'guessan, ndlr). On a bien vu ce que cela a aussi donné», a commenté le porte-parole du gouvernement, avant d'appeler le Fpi à s'inscrire « pleinement et de façon sincère dans le cadre des discussions qui ont cours actuellement au sein du cadre permanent de dialogue et au sein du dialogue direct entre le Fpi et le gouvernement ».
Assane NIADA
Décrispation sociopolitique: le plan secret de Ouattara pour les pro-Gbagbo. - Photo à titre d'illustration