Le moins qu’on puisse affirmer, est que le bilan politique de Henri Konan Bédié de 1993, année de la disparition d’Houphouët-Boigny, le père-fondateur du Pdci et au cours de laquelle, il prit les rênes du parti, à ce jour, n’incite guère à l’optimisme. Tant la présence de l’homme à la barre du vieux parti a été secouée par des séismes de toutes sortes d’intensité qui ont provoqué la fragmentation du Grand Pdci en plusieurs morceaux. Le premier morceau a été constitué par Djéni Kobenan, parti créer quelques mois plus tard, le Rassemblement des républicains (Rdr),. Cet ancien adjoint au maire de Cocody entraina dans son sillage, de nombreux cadres et militants déçus par la gestion ‘‘clanique’’ du parti. Quelques années après Djeny, c’est au tour de Mel Eg Théodore, l’ancien maire de Cocody de reprocher encore à Bédié d’étouffer la promotion des jeunes cadres promus à des postes dans l’administration publique. Mel s’en ira monter sa formation politique, l’Udcy (Union démocratique et citoyenne) et fut élu député de Jacqueville. Comme si la saignée ne suffisait pour alerter le maître du Pdci, un autre courant suscité par le général Guei Robert est crée dans la foulée de l’échec cuisant de ce dernier à la présidentielle de 2000. L’Udpci voit ainsi le jour suivi quelques années plus tard du Rppp de Laurent Dona Fologo, lequel dirigea le Pdci sous d’Houphouët-Boigny avant d’être pousser vers la sortie par Bédié. Depuis le 21 aout, le Pdci est confronté à une nouvelle fronde menée, cette fois, par son secrétaire général, Djédjé Mady, soutenu par le président des jeunes (Jpdci), Kouadio Kouakou Bertin. Mais plus grave cette fois, des anciens compagnons de d’Houphouët-Boigny, restés silencieux depuis la mort de ce dernier sur cette série d’évènements destructeurs, ont décidé d’exprimer leur ras-le-bol face à la gestion de Bédié. En effet, beaucoup d’anciens, de cadres, de femmes et jeunes du Pdci, lui reprochent de piloter le parti sans objectif, de privilégier son égo et les intérêts de son clan, d’empêcher la libre expression, de conduire le parti tout droit dans la muraille du Rdr. ‘‘Nous ne pouvons plus laisser faire cette dérive, parce que à cette allure, Bédié nous laissera un parti mort, vidé de toutes ses énergies, mais qu’il aura pris soin de vendre à son allié personnel du Rhdp, avant de se retirer dans son village de Daoukro, couler paisiblement ses vieux jours’’, prévient un ancien ministre d’ Houphouët-Boigny présent à la dernière conférence de presse de Djédjé Mady.
Sei Brice
Fragmentation en série du Pdci : Qu’a fait Bédié de l’héritage d’Houphouët-Boigny ? - Photo à titre d'illustration