Auditionnés mardi 23 juillet par la Commission vérité et réconciliation, deux anciens membres de la garde présidentielle de Yahya Jammeh ont reconnu avoir participé à l'exécution de migrants sur ordre de l'ancien chef de l’État gambien.
Les faits remontent à juillet 2005. Cinquante-six migrants, en majorité des Ghanéens, mais aussi des Sénégalais, des Ivoiriens, des Nigérians et des Togolais, sont exécutés sommairement sur ordre de l’ex-président Yahya Jammeh.
Le soir du massacre, Omar Jallow amène les victimes une par une devant le puits où les migrants sont abattus dans un village de Casamance au Sénégal. Ce « jungler » se souvient particulièrement du dernier exécuté.
« Il m'a dit qu'ils n'étaient pas des mercenaires et qu'ils voulaient rejoindre l'Europe. Avant d'atteindre le puits, il m'a donné un billet de 100 euros. Il m'a expliqué que ça ne lui serait pas utile de mourir avec. Il m'a demandé s'il pouvait dire ses prières, ce que j'ai accepté. À peine s'était-il agenouillé pour dire ses prières que Sanna Manjang l'exécutait. Le lieutenant-colonel Solo Bojang disait que ces gens étaient des mercenaires et que Yahya Jammeh avait ordonné de tous les exécuter », a raconté Omar Jallow devant la Commission vérité et réconciliation.
Solo Bojang était le commandant de cette unité. Sanna Manjang, déserteur de l'armée en fuite, a lui été accusé lundi par un autre « jungler », Malick Jatta, d'avoir participé à l'assassinat en 2004 du journaliste Deyda Hydara.
Malick Jatta a confirmé avoir abattu une victime. Mais il minimise son implication, a contredit Omar Jallow. Malgré les versions discordantes, ces révélations corroborent l'enquête indépendante menée en 2018 par les ONG Human Rights Watch et TRIAL. Le seul survivant du massacre, le Ghanéen Martin Kyere a appelé une nouvelle fois son gouvernement à mener une enquête approfondie.
La Commission vérité et réconciliation est chargée de faire la lumière sur les 22 ans de régime dictatorial de Yahya Jammeh. © MARCO LONGARI / AFP