Karamoko Yayoro : « On ne peut pas dire, Gbagbo c'est fini »

  • 08/08/2014
  • Source : Soir Info
Dans quelques semaines, Karamoko Yayoro ne sera plus à la tête du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr). Avant son départ, le député d’Abobo parle de son bilan de 9 ans, de la course à sa succession…Il aborde également l’actualité politique, non sans lancer quelques piques…

Pourquoi prônez-vous la mise sur pied d’une commission pour recevoir les candidatures, en prélude au congrès du Rjr, afin de dégager un consensus ?

Karamoko Yayoro : L’élection quelle que soit sa forme, c’est la recherche d’un consensus. Le consensus se dégage d’abord au niveau du taux de participation. Ce qui veut dire que, soit les populations, soit les militants adhèrent au principe des élections.

Ensuite, forcément, il  y aura quelqu’un qui sera élu avec un taux. Il y aura donc une autre forme de consensus. Comme nous voulons au sortir de ce congrès, rassembler, avec le moins de problèmes possibles, j’ai donc suggéré que les différents candidats se parlent, qu’un comité puisse les entendre et leur demander d’aller à l’harmonisation des différentes positions afin de demander le moins de candidatures possibles sinon, une candidature unique.


Que répondez-vous à ceux qui estiment que cette méthode est anti-démocratique ?

K.Y : La démocratie, c’est toujours la recherche du consensus. Quand on va à des élections, même s’il y a 20 candidats, on ira faire le consensus autour de quelqu’un. Et ce consensus dira que le candidat qui va rassembler le plus d’hommes autour de lui, parce qu’il arrive en tête, est celui qui est le mieux placé pour porter les aspirations de cette association. Donc, en réalité, c’est toujours le consensus parce qu’on n’impose pas. Je n’ai jamais dit que je vais imposer un candidat. J’ai dit que nous allons rechercher, le consensus, discuter. Je demande aux candidats de discuter. Je demande aux staffs d’échanger, de se parler sincèrement.


Et s’il n’y a pas de consensus ?

K.Y : On ira à une sorte de consensus qui se fera sur le lieu de vote. Et ils feront le consensus autour d’un candidat qui arrivera en tête. C’est toujours une autre façon de voter.


Avez-vous un candidat ?

K.Y : Je n’ai pas de candidat parce que tous ceux-là sont mes candidats.


Selon vous, quelle peut être la personnalité qui peut diriger le Rjr après vous ?

K.Y : Il faut être rassembleur. Il faut être à l’écoute des militants, pouvoir porter leurs aspirations. En tant que bureau sortant, je souhaite que la personne qui arrive s’inscrive dans un esprit de continuité et d’amplification des actes que nous avons posés. Il faut développer le social. Je voudrais souligner qu’il est important que les gens soient démocrates.

J’ai ma position, ils ont la leur. Mais, dès que tu n’es pas d’accord avec eux, on prend le sabre et on veut te couper la tête. Ce n’est pas cela la démocratie. C’est la dictature. Il faut que les gens acceptent la contradiction. Ma position est que tout se fasse autour d’un consensus. Qu’on regarde sereinement, au-delà des passions que suscite cette époque.

A part le président national qu’on trouvera peut-être à Abidjan, dans une commune ou une localité reculée, le président Rjr répondra-t-il à tous ces critères ? Ou on ne pourra pas avoir de section Rjr dans ces localités ? Voici la réalité.

C’est en adaptant cela qu’on crée une certaine harmonie et qu’on évite, soi-même, de se flageller après. Mais, on voit des gens qui ont peut-être, eux-mêmes, dépassé l’âge, brandir le sabre. Quand ils finissent ça, ils courent après dire qu’ils sont jeunes. Des gens de plus de 50 ans qui sont toujours là, à la jeunesse.


Le ministre Alain Lobognon a pris position dans ce débat. Il a dit, entre autres, que la réglementation en vigueur en Côte d’Ivoire depuis 1972 stipule que le citoyen est jeune jusqu’à 35 ans. Il a ajouté que désormais, les jeunes devront élire un jeune à la tête du Rjr. Un jeune âgé de 32 ans. Trois ans de mandat et il finira à 35 ans. Le disant, est-ce qu’il ne vous répond pas ?

K.Y : Je ne souhaite pas lui répondre. J’ai lu ce qu’il a dit. Il a dit qu’il a fini au Rjr à 31 ou 32 ans. Je lui dis mes félicitations. J’ai fait le même département que le ministre, le département d’Histoire. Un Historien travaille avec des sources. Et, selon les sources que j’ai, il y a peut-être contradiction. Les sources ne sont peut-être pas les mêmes parce que, quoi qu’on dise, l’Histoire est une science sociale.

Et, chacun  a sa manière d’exploiter les sources. Sinon, il me semble qu’il y a une confusion entre être démis et être démissionnaire. Il ne faut pas qu’on injurie les gens qui se sont battus pour que des gens soient aujourd’hui à l’aise pour mener des réflexions en leur faisant croire qu’ils ne devaient pas être là. Alors qu’on leur a dit, dans le feu de l’action : « attention tu as dépassé l’âge ». Parce qu’en ce moment, il  y avait au bout, la mort. Il y avait au bout, chaque jour, des menaces de généraux, de militaires qui cherchaient à vous tuer.  


Que doit-on retenir de votre position sur la limite d’âge ?

K.Y : Je suis pour qu’on adapte cette limite aux réalités de notre structure. Et, je dis, une fois de plus, aux gens que la limitation d’âge n’est pas le débat principal.


Quel est le débat principal alors ?

K.Y : Le débat principal, c’est quel Rjr nous voulons au terme de ce congrès ? Qu’est-ce que le futur président va pouvoir apporter de plus au Rjr, au Rdr, au Rhdp, à la Côte d’Ivoire ? Qu’est-ce qu’il va pouvoir apporter de plus à la campagne du président Ouattara pour sa réélection ? Parce qu’aujourd’hui, il faut le dire clairement, nous avons besoin d’un responsable qui soit quelqu’un qui ait une certaine pratique.

Qui n’est pas un novice. Qui, lui-même, représente une personnalité. Qui va allier deux thèmes : le rassemblement et la responsabilité. Parce que les gens ont l’impression, en Côte d’Ivoire, que pour être président de jeunesse, il faut juste être sorti du lycée ou du collège. Mais ailleurs, au Sénégal où je suis allé pendant que le président Wade était au pouvoir, le président des jeunes était ministre.

Au Burkina, pendant des années, le président des jeunes a été ministre. Donc, on peut être à de hautes responsabilités et être président des jeunes d’une structure politique.

Il ne faut pas que les gens pensent que c’est un endroit où on vient pour aller cirer les chaussures, soulever les sacs, être porte-bagages d’une personnalité. Il faut sortir même du thème « les aînés » en disant  maintenant, « les responsables ». Parce qu’être dans la direction du Rdr, ne veut pas dire que vous êtes plus âgé que le président Rjr.


S’il doit y avoir une modification des textes. Cela doit se passer à quel moment ?

K.Y : Je n’en sais rien. Je ne suis pas du comité d’organisation.


Mais, que disent les textes du Rjr ?

K.Y : Il aurait été intéressant d’aller à une convention ou un pré-congrès.


Konaté Navigué que vous connaissez, a fait une sortie dans la presse et il n’a pas été tendre avec vous, vous savez ?

K.Y : Si moi, j’ai un mauvais bilan et lui alors ? Même en tant que parti au pouvoir, il était incapable de mobiliser. On a vu une floraison de clubs de soutien en son temps. Il n’était même pas le responsable des Jeunes patriotes. Un jeune comme ça ne peut pas se comparer à moi. On se connaît depuis l’université. A la Fesci, il n’a jamais existé. Au Fpi, il a eu un destin de feu de paille.

Être jugé de la sorte par Konaté veut dire que je suis plus fort que lui. En plus, je n’ai pas été oublié au Rjr. Mais, M. Konaté n’a été que l’ombre de lui-même au ministère de l’Intérieur. A l’Université, au plan syndical, il était effacé, inexistant. Il se cherchait dans les pas des autres. A la tête de la Jfpi, il n’a rien été d’autre à telle enseigne qu’il a été contesté. Et il est revenu d’exil comme s'il revenait d'une course banale d'une boutique de son quartier.

Parce que quand on est un responsable, on se fait accueillir d’une certaine façon. On a vu comment ceux qui ont de la valeur sont rentrés d’exil. Il a fallu la magnanimité et l’intervention des gens qui ont demandé pardon à Koua Justin pour qu’il puisse récupérer son  fauteuil. C’est lui qui a besoin d’exister. C’est pourquoi il parle ainsi. Moi Karamoko Yayoro, il sait qui je suis.

Voilà pourquoi il n’a jamais voulu engager de débat avec moi parce qu’il sait qu’intellectuellement, il ne peut pas tenir. Qu’il se cherche plutôt une place au Fpi. C’est lui qui en a besoin. Aujourd’hui, comme on sait qu’il ne peut pas exister, on l’a envoyé chez lui. Il est secrétaire national dans une région où le Fpi n’a jamais existé et ne pourra jamais exister. Merci à lui.


Pourquoi avez-vous dit si le Fpi disparaît, vous serez content ?

K.Y : Parce que, pendant longtemps, si vous suivez mes interviews, j’ai toujours demandé au Fpi de revenir dans le jeu politique. J’ai été l’un des premiers à inviter le Fpi à la réconciliation, à demander pardon et à participer aux différentes joutes électorales.

Mais, ils se sont toujours braqués. Mais, je ne suis pas payé pour donner des conseils au Fpi. Et, j’ai paraphrasé Laurent Gbagbo qui avait dit en son temps que « si le Pdci se casse, moi je suis content ». Comme ils ne veulent pas entendre raison, ils vont disparaître. Tout le monde se rend compte. François Hollande leur a dit : « Si vous ne revenez pas, vous allez disparaître ». Tout le monde le leur dit. Peut-être qu’il a fallu que je les choque pour qu’ils se réveillent. Mais, je vais encore les choquer en disant à Navigué : « Tu gagnerais à faire revivre le Fpi et à faire les bons choix  pour que le Fpi demeure, au moins, un parti politique qui existe ».


Avant Navigué, il y a KKB qui est votre ami, qui multiplie les sorties contre votre leader, le président Alassane Ouattara, contre votre parti. Mais pourquoi vous ne réagissez pas?

K.Y : Les gens veulent nous mettre dans la réaction. Je suis un homme d’action. Je n’aime pas être dans la réaction. Il y a des camarades qui lui ont répondu. A des moments, quand quelqu’un parle, il veut peut-être qu’on lui réponde pour avoir une certaine stature.

En ne répondant même pas, on fait plus de bruit. Et, il y a des moments où on passe à l’offensive. En tout cas, pour ceux qui m’ont vu travailler, ils savent que même quand c’était encore, très chaud, quand les gens nous attaquaient, je laissais faire et puis, je prenais l’initiative. C’est ce qui nous a permis d’être toujours en avance par rapport aux autres et de porter le combat là où il a été porté.


Est-ce parce que vous avez des liens particuliers avec lui que vous ne lui répondez pas?

K.Y : Je n’ai pas de liens particuliers avec lui. Il a été président des jeunes du Pdci. Je suis en train de sortir en tant que président des jeunes du Rdr. Nous n’avons pas de liens particuliers. Jusqu’ici, c’était au niveau du Pdci qu’il faisait ses sorties.


Mais, récemment, le mercredi 16 juillet 2014, il s’est attaqué à Alassane Ouattara. Il a rappelé qu'Alassane Ouattara a dit qu’il allait rendre ce pays ingouvernable...

K.Y : Je pense que la réponse lui a été donnée. Je ne voudrais pas en rajouter.

N'était-il pas bon que la réponse vienne aussi de vous, le président de la jeunesse du parti de M. Ouattara ?

K.Y : Quand quelque chose est bien fait, ce n’est pas la peine d’en rajouter. Au Rdr, nous sommes sereins. Et puis, l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est comment on rassemble plus de 60% des Ivoiriens pour qu’en 2015, le président Alassane Ouattara soit réélu et que les Ivoiriens continuent d’avoir la paix, continuent d’espérer et que leur quotidien s’améliore. Voilà l’essentiel aujourd’hui.


Cette victoire d'Alassane Ouattara en 2015 passe-t-elle par une candidature unique au sein du Rhdp ?

K.Y : C’est le grand souhait. Parce que nous estimons que la Côte d’Ivoire, en 2010, a connu une grave crise électorale. Et, pour continuer de rassembler les Ivoiriens, le Rhdp est un (...) Lire La suite sur Linfodrome