Abidjan - Dans un rapport mondial intitulé « Cachée sous nos yeux » publié le 04 septembre, l’UNICEF révèle l’ampleur stupéfiante des sévices physiques, sexuels et psychologiques que subissent les enfants dans leurs communautés, leurs écoles et leurs foyers partout dans le monde et met en évidence les attitudes qui perpétuent et justifient cette violence, véritablement « cachée sous nos yeux ».
D’après un communiqué de presse de l’UNICEF transmis mercredi à l’AIP, les enfants qui sont victimes de ces actes doivent vivre avec des conséquences immédiates et dramatiques sur leur développement et leur estime de soi.
« Ils sont triplement victimes, du traumatisme de la violence, de l’absence de réponse adéquate et de stigmatisation », souligne le texte. Selon le rapport, un enfant victime de violences est plus à risque que d’autres d’abandonner l’école, ou plus tard d’avoir des comportements à risques, des difficultés à s’insérer dans la société, ou d’être un parent ou un conjoint violent.
Selon l’UNIVEF, afin de mettre un terme à cette violence banalisée, des voix doivent s’élever afin de refuser que les sévices que subissent ces enfants restent dans l’ombre.
Les données statistiques disponibles sur la violence faite sur les enfants en Côte d’Ivoire demeurent limitées faute d’étude nationale d’envergure et rares sont les victimes qui dénoncent les abus dont elles ont été l’objet.
« Pourtant, la violence faite aux enfants en Côte d’Ivoire, que ce soit physique, psychologique ou sexuelle, est une réalité souvent cachée sous nos yeux, mais qui touche toutes les couches de la société et les institutions », souligne l’agence onusienne.
Au moins un enfant sur cinq âgé de 5 -14 ans est victime de violences physiques en famille (MICS 2006), une fille de 15-19 ans sur trois est victime de violences physiques, 5% des filles de 15 à 19 ans ont subi des violences sexuelles de leur partenaire (EDS 2012). Lors d’une enquête menée dans quatre régions, près d’un enseignant interrogé sur deux (47%) admettent avoir eu des relations sexuelles avec des élèves (MEN, 2010).
« Nous ne pouvons pas nier les violences faites contre les enfants alors que ce phénomène est répandu et toléré, et son impact sur les enfants dramatique », a déclaré Adèle Khudr, Représentante de l’UNICEF en Côte d’Ivoire. « Ce phénomène a été exacerbé par la crise post-électorale de 2011, mais il perdure, or un pays ne saurait bâtir une croissance durable avec une jeunesse sacrifiée », a-t-elle ajouté.
Le rapport lancé par l’UNICEF propose des suggestions concrètes pour accélérer la lutte contre la violence faite sur les enfants.
Six axes sont proposés à savoir éduquer les parents sur la petite enfance et les moyens de réduire la violence faite aux enfants à la maison a un petit âge; donner aux enfants et aux jeunes des moyens alternatifs pour gérer les conflits; changer les normes sociales et les attitudes qui cachent la violence faite sur les enfants; encourager les enfants de reporter sur les violences subies; assurer la mise en œuvre des lois qui protègent les enfants; et collecter les données et les informations nécessaires sur la violence pour permettre le développement des stratégies et des interventions nécessaires.
L’UNICEF accompagne le gouvernement de Côte d’Ivoire dans ses efforts pour mieux protéger les enfants à la maison, dans la communauté et dans les institutions. Un grand pas a été franchi avec l’adoption officielle en novembre 2013 de "La Politique Nationale de Protection de l’Enfant" qui vise à répondre de façon intégrée et multisectorielle aux différentes formes de violence, abus et exploitation à l’égard des enfants.
Il s’agit maintenant pour chaque acteur concerné de mettre en œuvre le plan d’action (2014-2018) qui accompagne cette politique, afin que chaque enfant en Côte d’Ivoire grandisse à l’abri de la violence, réalise tout son potentiel humain et contribue ainsi au développement de la nation.
L’UNICEF promeut les droits et le bien-être de chaque enfant. Elle travaille dans 190 pays et territoires avec ses partenaires pour faire de cet engagement une réalité, avec un effort particulier pour atteindre les enfants les plus vulnérables et marginalisés, dans l’intérêt de tous les enfants, où qu’ils soient.
cmas
Photo à titre d'illustration