Samedi, l’autoroute du Nord a enregistré un autre mort. Selon Acturoutes, un véhicule de type 4X4 a fait une sortie de route. Le bilan fait état de plusieurs autres personnes blessées. Des cas graves pour la plupart. Mercredi, auparavant, une autre sortie de route impliquant un minicar a fait sept morts sur le coup au niveau de Paccobo, village situé sur le tronçon autoroutier fraîchement inauguré.
Série noire sans fin ?, serait-on tenté de se demander. Après trois drames successifs, trois jours durant, en début de mois, qui ont fait au moins 38 morts. Le constat est malheureux mais bien visible: les accidents de la route continuent d’être une maladie très mortelle en Côte d’Ivoire. Hélas, selon les Nations unies, c’est l’une des principales causes de mortalité dans le monde et en Afrique. Presqu’au même titre que le paludisme et la tuberculose.
Quelques données chiffrées, publiées par l’Organisation mondiale de la santé (Oms), donnent froid dans le dos. « Les accidents de la route entraînent 1,24 million de décès par an environ. Ils sont la première cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans. Plus de 91% des décès sur les routes surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui possèdent environ la moitié du parc mondial de véhicules. La moitié des tués sur les routes sont des ‘usagers vulnérables’ (piétons, cyclistes et motocyclistes). On prévoit que, si rien n’est fait, les accidents de la route entraîneront 1,9 million de décès par an environ d’ici 2020 ».
Les raisons de ce « fléau mondial » sont connues. « 90 % du fait de l’homme en tant que conducteur d’engin ou piéton; 7% du fait de la défaillance du véhicule; 3% du fait de l’état défectueux de la route et de son environnement », selon l’Office de sécurité routière (Oser) en Côte d’Ivoire. Si l’homme constitue la principale cause de cette maladie, alors le vaccin se trouve être la prévention. Or cette prévention, il y a longtemps qu’elle est menée. Avec notamment l’institution d’organisme comme l’Oser. Alors, d’où vient le problème ?
L’OMS croit savoir pourquoi ça ne marche pas. « Seuls 28 pays, comptant 416 millions d’habitants au total (soit 7% de la population mondiale), disposent d’une législation adéquate concernant les cinq facteurs de risque d’accident de la route (la vitesse, la conduite en état d’ébriété, le non-port du casque ou de la ceinture de sécurité et la non-utilisation de dispositifs de sécurité pour enfants) ». Autrement dit, tout le monde sait ce qu’il faut faire pour ne pas attraper cette maladie, mais très peu de personnes suivent les prescriptions.
Appauvrissement de la famille
Regardez par exemple sur les routes d’Abidjan. Combien de motocyclistes portent le casque ? Combien de taxis communaux ne roulent pas sur le trottoir ? Au feu, combien de véhicules ne s’arrêtent pas sur la bande réservée au passage des piétons ? Ils sont combien les conducteurs qui portent systématiquement la ceinture de sécurité ? Combien de nos routes ont des panneaux qui affichent la vitesse maximale autorisée ? La liste des manquements est plus longue.
Pendant ce temps, c’est toute l’économie qui se voit ainsi fossoyée. Les accidents de la route coûtent très cher aux Etats et aux individus qui en sont victimes. « D’après un calcul effectué en 2000, ce coût s’élèverait à 518 milliards de dollars environ (près 260 000 milliards de francs CFA) », indique l’OMS. « Des estimations nationales ont montré que les accidents de la circulation coûtaient aux pays de 1% à 3% de leur produit national brut et qu’au niveau des familles, ils entraînaient une augmentation des emprunts et de l’endettement et même une baisse de la consommation de nourriture », ajoute l’OMS.
Bonne route pour la Noël ! Soyez rénovés et bien conservés, cette semaine !
Barthélemy KOUAME
Le débrief: Elle continue de tuer. Et pourtant le vaccin existe… ! - Photo à titre d'illustration