Necotrans en course pour la gestion du terminal du port de Kribi

  • 22/10/2014
  • Source : afriqueinside.com
Le groupe français Necotrans confirme une réorientation de sa stratégie vers la logistique globale en Afrique. La firme a déposé le 13 octobre dernier un dossier auprès du comité de sélection pour la gestion de la logistique au port en eau profonde de Kribi. Après le Sénégal et le Congo, direction le Cameroun. Ses ambitions ne s’arrêteront pas là. Necotrans vise encore plus loin.

Necotrans a déjà remporté plusieurs succès récents. En mai 2014, le groupe français a obtenu la gestion du terminal vraquier de Dakar (Sénégal) et celle du port fluvial de Brazzaville (Congo) où il va investir respectivement 74 et 15 millions d’euros. Ses regards se tournent également vers l’Afrique de l’est où le boom pétrolier à l’œuvre devrait générer de forts besoins logistiques. Pour l’heure, son actualité est marquée par l’ambition de s’implanter au Cameroun où Necotrans a en effet déposé le 13 octobre un dossier auprès du comité de sélection pour la gestion du terminal polyvalent de Kribi. Il a d’ores et déjà été sélectionné pour le terminal conventionnel.

La compétition oppose notamment Necotrans au philippin ICTSI, mais surtout au franco-danois APMT (Maersk) en charge de la logistique du port de Douala qui concentre 90 pour cent du trafic des marchandises au Cameroun. Une semaine auparavant, le groupe français avait déposé une offre pour le terminal à conteneur de Kribi qui n’a pas été retenue. Il confirme ainsi ses ambitions en Afrique et sa stratégie de se concentrer sur la logistique globale. Necotrans réfléchit également à des investissements dans les corridors ferroviaires, non pas en tant qu’investisseur, mais en tant qu’opérateur.

Historiquement implanté en Afrique, Necotrans renouvelle sa stratégie

Activités portuaires et logistiques, commission de transport, logistique pétrolière et minière, distribution d’équipements, Necotrans s’applique à diversifier son savoir-faire dans le but de conforter ses positions sur le continent, en Afrique de l’ouest et du Nord (Algérie, Maroc). Le royaume chérifien constitue un point d’ancrage fondamentale pour consolider sa présence en Afrique du Nord. Une présence globale historique en Afrique. Conscient des nouveaux paradigmes continentaux, Necotrans se réorganise en conséquence. « L’Afrique représente un marché porteur, de 3500 personnes présent dans 42 pays – dont 33 ports en Afrique. La population est en forte augmentation, une classe moyenne commence à émerger et les activités mines, pétrole et gaz connaissent de nouveaux développements.

Le flux logistique africain, qui représente environ 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, devrait doubler d’ici à 2020 », affirme Grégory Quérel, PDG du groupe. Selon la Banque Africaine de Développement, le volume qui transite par les ports africains va augmenter de 265 millions de tonnes en 2009 à plus de 2 milliards en 2040. Necotrans entend se concentrer sur les métiers portuaires hors conteneurs, qui représentent 70% de l’activité. La réorganisation du groupe passe aussi par l’obtention d’un financement de 110 millions d’euros auprès de Natixis, Société générale, BNP-Paribas et Crédit Suisse, ainsi qu’auprès de banques panafricaines : Attijariwafa Bank, Bank of Africa et Ecobank.« On ne peut pas être un acteur africain sans recourir à la finance africaine », explique Grégory Quérel.

Toujours dans l’optique de conforter ses positions en Afrique, la réorganisation du groupe répond à une volonté de contourner une concurrence frontale avec son homologue français Bolloré. Les deux groupes sont en concurrence pour la gestion de la logistique dans plusieurs ports d’Afrique du Centre et de l’Ouest, l’un des exemples étant le port d’Abidjan en Côte d’Ivoire, où les deux entreprises sont au tribunal, le premier ayant contesté le choix du second au regard des offres de l’un et de l’autre. Le groupe n’a pas remporté l’appel d’offres du dernier terminal à conteneur d’Abidjan (dont l’attribution à Bolloré est contestée et remise en cause par un avis préliminaire de l’UEMOA) et a perdu celui de Conakry après que les autorités ont réattribué la concession, gagnée par Necotrans, à Bolloré.

La Cour Commune de justice et d’arbitrage (CCJA) de l’Ohada, basée à Abidjan,a aussi condamné l’État guinéen à lui verser 38,4 millions d’euros. « Nos activités sont complémentaires, explique Grégory Quérel. Le Groupe Bolloré est surtout présent dans l’activité conteneurs. À présent, nous nous concentrons sur les autres métiers portuaires qui représentent autour de 70 % de l’activité. Quand la concession d’un terminal est accordée, il faut ensuite développer toutes les activités spécialisées et les corridors terrestres ».

Quelques chiffres sur Necotrans:
– Plus de 2000 escales desservies dans 33 ports africains
– Plus de 3 millions de tonnes de marchandises traitées en 2013
– 2 800 collaborateurs en Afrique dont la moitié des cadres recrutés localement
– Le chiffre d’affaires de Necotrans devrait passer de 954 millions d’euros en 2013 à plus d’un milliard cette année.