Présidence du Pdci-rda/ 18 millions par candidat: les vraies raisons de la décision de Bédié

  • 23/09/2013
  • Source : Soir Info
Véritable casus-belli, que vient d’ouvrir Henri Konan Bédié, à l’encontre de ses adversaires… Les candidats à la présidence du parti démocratique de Côte d’Ivoire ( Pdci-rda), au 12ème congrès de cette formation politique qui

En tout cas, c’est ce qui ressort des dispositions particulières édictées par le bureau politique, en sa séance du 19 septembre 2013, tenue, à la demande expresse du président du Pdci, Henri Konan Bédié, qui brigue, lui-même, la présidence de ce parti. « Le bureau politique a noté diverses déclarations de candidatures auto-proclamées, pour la présidence du Pdci-rda, à travers la presse, par certains militants (…)

Le Bureau politique a rappelé que tous candidats potentiels ont l’obligation de s’acquitter d’une contribution personnelle au financement du congrès dont il a fixé le montant à 18.000.000 Fcfa (…) Tous les membres statutaires doivent s’acquitter de leurs obligations en se maintenant à jour de leurs cotisations avant le 25 septembre 2013 », ainsi en a décidé le bureau politique que présidait, en personne, le « Sphinx de Daoukro ».

Par ailleurs, un appel lui est lancé, de « recevoir tous les candidats potentiels en vue d’un consensus autour de sa personne ». Aussi, étant donné, selon le bureau politique, que les délégués de sections se sont déjà prononcés sur l’ensemble des sujets liés au thème du congrès, à travers les pré-congrès éclatés, ils doivent être « dispensés de la participation aux assises du 12 ème congrès ordinaire ».

Quel est le bien fondé d’une clause aussi draconienne, dont l’objectif, selon des observateurs, est d’invalider des candidatures gênantes ? Pourquoi un tel durcissement des conditions de candidature à la présidence du Pdci ? Bédié a-t-il peur d’affronter à la loyale « K.K.B, un soldat perdu », une « candidature incongrue de Djédjé Mady » ? Jamais, un congrès du Pdci-rda n’a été entouré d’autant de passions, de malentendus et d’incompréhensions.

Comme l’Arrêt Tia Koné


Il ne se cacherait guère dans le secret de la pensée d’Henri Konan Bédié, président sortant et de Niamien N’Goran, coordinateur-président du comité d’organisation de ce 12ème congrès, d’écarter ou de court-circuiter les autres candidats, qu’ils n’auraient pas eu l’idée d’une telle conditionnalité.

Pour nombre d’analystes, il s’agit, après tout, d’une élection en interne, où chacun vient faire valoir ses idées et ses ambitions pour le parti, et non d’exposer son matelas de millions. Tout au long de l’histoire du Pdci, de sa création en 1946 dans un bar à Treichville (Etoile du Sud), à ce jour, jamais aucun cautionnement ou contribution, aussi proche sinon presqu’égale aux 20 millions réclamés aux candidats à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, n’a été exigée des militants. L’idée d’exiger une telle caution à chaque candidat, peut être perçue ou interprétée comme une volonté manifeste de refuser certaines candidatures.

A s’y méprendre, les conditions d’éligibilité à la présidence du Pdci, sont étrangement voisines, voire proches de celles introduites à l’élection présidentielle de 2000 par le Cnsp de Guéi Robert, et qui avaient mis hors de course, à travers l’arrêt Tia Koné, justement, Henri Konan Bédié, candidat du Pdci et Alassane Ouattara, candidat du Rdr. Dès lors, l’on serait tenté de penser que Bédié se saisit, aujourd’hui, de l’arme que le Conseil national de salut public (Cnsp) avait utilisée hier contre lui, pour « abattre », ses adversaires au sein du Pdci-rda. Henri Konan Bédié dont le palmarès politique et la réputation sont des plus enviables en Côte d’Ivoire (député, ministre, président de l’Assemblée nationale, président de la République) sait que quand on triomphe d'une personne ou d'une situation sans avoir rencontré de résistance ou de difficulté, la victoire est dénuée de mérite.

« Toute victoire sans combat, sans engagement personnel, sans prise de risques ne saurait être une victoire », dit-on. C’est vrai, au Pdci, le système gérontocratique qui semble étrangler les règles démocratiques et les textes fondamentaux du parti, a la peau dure. Mais, franchement, Bédié avait-il besoin d’opposer à ses adversaires, la clause financière. Peut-être a-t-il compris que l’appareil du parti lui échappe au point qu’il a décidé de mettre hors de course avant la compétition, Djédjé Mady, K.K.B et Kouassi Yao.

Au congrès de 1994, à l’Hôtel Ivoire, qui a vu le départ de Djény Kobinan et la naissance au Rdr, les organisateurs avaient usé des mêmes méthodes et tactiques. Pour briser, voire contrecarrer le groupe des Philippe Yacé, Charles Boza Donwahi, qui sponsorisaient, le Premier ministre d'alors, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié avait introduit la clause de la limitation de l’âge à 75 ans, qui le frappe aujourd’hui. Il est à craindre que Djédjé Mady et K.K.B ne suivent l’exemple de Djény Kobinan en transformant leur courant, l’Alliance pour le Renouveau Démocratique (Ard) en parti politique.

Armand B. DEPEYLA