Réhabilitation de la culture wê : ce que deviennent les 200 millions de Ouattara

  • 02/09/2013
  • Source : Nord-Sud

A quand la réparation des enclos de masques dans l’ouest du pays ? La réponse à cette question tardera à venir, puisque sur le terrain, les démarches en vue de la réhabilitation de ces sanctuaires piétinent. Le chef de l’Etat, recevant les chefs traditionnels et les cadres wê, le 22 octobre dernier, au Palais présidentiel, leur avait fait don de la somme de 200 millions de Fcfa. Cet argent est destiné à la reconstruction des sanctuaires de masques et autres lieux de culte saccagés pendant les deux crises précédentes.

L’enjeu de l’offre était de réhabiliter le patrimoine culturel de ce peuple de l’ouest ivoirien. Plusieurs mois passés, c’est du flou autour de l’utilisation de cet argent. Jusque-là, aucun centime n’a été mis à la disposition des chefs traditionnels. Peut-on donc parler de détournement de fonds ? Le bien commun a-t-il été remis à qui de droit ? Sinon, pourquoi un si grand retard dans la réalisation des enclos des dieux censés protéger le peuple wê ? Voilà autant de questions que se posent des populations et des chefs traditionnels. Le chef François Bah Taï de Duékoué dit ne rien comprendre à cette situation. « Nos cadres affirment avoir reçu de l’argent et projettent des réunions à ce sujet.

Mais ce qui est bizarre, c’est que chaque fois qu’arrive la date d’une réunion, ils la reportent à une date ultérieure. Qu’on soit clair avec nous », a-t-il confié. Il rappelle que la dernière réunion avortée remonte au samedi 24 août. Il ne perd pas patience pour autant : « comme ils disent qu’ils sont en chemin, espère-t-il, vivement qu’ils arrivent ». Du côté des cadres, un fils de Guiglo, membre de l’élite locale, affirme qu’ils ont effectivement réceptionné le don, mais qu’une organisation a été mise en place. Cette démarche vise à éviter une utilisation abusive de l’enveloppe offerte à la région du Guémon (Duékoué et Bangolo) et celle du Cavally (Guiglo, Taï, Bloléquin, Toulepleu). « Les comités départementaux sont chargés de faire l’état des lieux et exprimer les besoins réels avant tout décaissement. Sinon, l’argent se trouve en lieu sûr. Il est dans un compte logé dans une banque de la place. Dans le Cavally, chacun des quatre départements a droit à 25 millions. A Taï, nous avons fini l’opération d’identification des lieux sacrés détruits », a assuré Désiré Gnonkonté. Le maire de Taï dément tout usage abusif du don et fustige les mauvaises langues. « A ceux qui s’agitent, prévient-il, je dis que la réparation de ces lieux de culte ne se fera pas dans le désordre ». A Bloléquin, Henri Taï Déazon, un autre cadre, dit ne pas avoir connaissance de la restitution des parts respectives aux garants de la tradition. Lui, se demande d’ailleurs où se trouve le don présidentiel.

Valentin Koffi à Guiglo