L’angoisse de finir « vieille fille »

  • Source : lasenegalaise.com


Elles se rapprochent de la trentaine, mais elles sont toujours dans la précarité des relations sans lendemain. Pourtant leur horloge biologique tourne, et l’envie de bébé se fait sentir. Mais avant de parler de bébé, il faudrait déjà avoir trouvé son père… Votre meilleure amie Stéphanie vient de se marier avec son copain de longue date, et même si vous êtes contente pour elle, vous avez comme un goût amer parce que vous êtes toujours célibataire, quand tout le monde autour de vous se construit.

Femme instruite et accomplie de votre état, intelligente et indépendante, vous pensez avoir tout pour plaire; pourtant sur le plan sentimental, c’est toujours l’incertitude quand ce n’est pas carrément la dèche. Le doute plane et vous vous posez des questions. Surtout que la famille vous met la pression, et vos copines vous trouvent trop exigeantes envers ces garçons. C’est là où vous commencez à vous remettre en question : « Peut-être que je devrais revoir mes critères à la baisse au risque de finir vieille fille… ».

Ca y est ! Le mot est lâché : « vieille fille », la peur de finir « vieille fille ». Mais qu’est ce donc qu’une « vieille fille » ? Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faudrait de prime abord rappeler le sens des mots. En effet, l’expression « vieille fille » est un terme communément employé dans un sens péjoratif pour désigner une femme qui se trouve à un certain âge sans mari ni enfant. La question reste de savoir à quel âge peut-on être considérée comme tel. Si chacun peut y aller de son appréciation, il reste qu’en général c’est à partir de la trentaine qu’une femme sera vue comme étant une vieille fille.

Beaucoup de femmes redoutent ce statut. Pourquoi ? Eh bien d‘abord à cause de la pression sociale et culturelle. En effet, dans nos sociétés on considère qu’à un certain âge, en l’occurrence la trentaine, une femme ne doit plus être seule. C’est bien d’avoir des diplômes, un travail, une voiture, un appartement et tout le confort souhaitable, mais si vous n’avez personne dans votre vie, c’est-à-dire pas de mari ni même un fiancé, alors là ça craint. D’ailleurs les choses sont souvent telles que chez la femme, on fera plus attention à sa réussite conjugale qu’à sa réussite professionnelle. Et dans certaines cultures, la femme qui a réussi sa vie, c’est d’abord celle qui a trouvé un mari. Ainsi, votre situation sentimentale décevante fera plus parler de vous que votre ascension professionnelle fulgurante. En outre, plus votre célibat dure, plus le risque que les mauvaises langues se délient est grand. Certains vous soupçonneront d’être stériles, d’autres iront même jusqu’à se demander si vous n’êtes pas lesbienne.

Ensuite il y’a la pression maternelle. L’horloge biologique vous rappelle sans cesse que passé un certain délai, vous ne pourrez plus faire d’enfants. Le spectre de la ménopause plane alors sur votre tête comme une épée de Damoclès. Ainsi, beaucoup de femmes se retrouvent en train de faire un enfant dans le dos d’un amant de passage, histoire d’avoir au moins un bébé avant que la machine ovulatoire n’arrête de fonctionner.

Aussi, il y’a la pression que je qualifierais de « commerciale ». Plus la femme vieillit, moins elle séduit, car le temps qui passe lui ôte son prix. N’étant plus de première fraicheur, vous serez de moins en moins compétitives sur le marché matrimonial au demeurant très concurrentiel. En effet, les hommes, à mesure qu’ils prennent de l’âge, sont plus attirés par les femmes plus jeunes. En d’autres termes, les hommes de votre génération vous délaisseront au profit des plus jeunes. Il y’a peu d’hommes trentenaires libres, et ces derniers sont de toutes les façons très demandées, surtout lorsqu’ils ont une bonne situation professionnelle.

En général, l’homme dans la trentaine cherchera sa femme parmi celles qui sont dans la vingtaine. Le corollaire de cette tendance est que la femme dans la trentaine aura plus de chance d’intéresser les hommes dans la quarantaine voir la cinquantaine. Vous la vielle fille, vous serez donc arrivée à un moment de votre existence où l’essentiel de ceux qui vous convoitent sont des hommes souhaitant refaire leur vie, c’est-à-dire les divorcés et les veufs, la plupart ayant déjà des enfants. Belle-mère alors que vous n’êtes même pas encore mère, vous voilà donc dans la situation d’un produit de seconde main, bon pour redonner espoir aux hommes en échec sentimental.

Ainsi, et vous l’aurez compris, une fois la trentaine entamée, rien ne sera plus jamais comme avant pour vous mesdames, pardon mesdemoiselles.

Les rides vont commencer à apparaitre, la poitrine va commencer à tomber, votre « cote de popularité » va donc commencer à chuter. Fini le temps de la jeunesse arrogante où vous distribuiez des râteaux pêle-mêle, fini l’époque de la gloriole où ces hommes se livraient à une concurrence rude pour vous avoir, fini ces heures de fierté où vous les aviez à vos pieds, fini ces instants d’orgueil où vous vous faisiez désirer quand bien même vous étiez intéressées par le gars. Bonjour le stress de la solitude et le spectre de la ménopause, bonjour le poids du célibat et la hantise de mourir entourée de vos chats. Avant on vous sifflait dans la rue « psst… pssst… » et ça flattait votre égo, aujourd’hui plus personne ne se retourne et même les oiseaux se taisent à votre passage.

Mais comment en êtes-vous arrivés là ?

Ne cherchons pas de midi à quatorze heures. Si certaines femmes se retrouvent seules à un âge avancé, c’est souvent parceque durant leur période de gloire et leur moment d’éclat (la vingtaine), elles ont campé sur des exigences aussi ambitieuses qu’intransigeantes. Elles se prenaient pour des princesses, elles avaient des critères drastiques et n’hésitaient pas à vous rembarrer si vous n’aviez pas ci ou ça, ou si vous n’étiez pas comme ceci ou comme cela. Mais une fois devenus trentenaires, héhé, c’est là qu’elles comprennent que le prince charmant n’existe pas.

Pour faire face à la pénurie de prétendants, les unes vont se retrouver en train de revoir leurs exigences à la baisse en opérant une coupe chirurgicale dans la liste de leurs critères, les autres vont carrément se brader pour espérer trouver preneur sur le marché de l’amour. Ainsi, Jean-Pascal qu’elle trouvait autrefois moche, à présent elle se dit « Jean-Pascal n’a peut-être pas le physique d’un Will Smith ou d’un Georges Clooney, mais il est gentil », « Ferdinand n’a peut-être pas de voiture, mais est intelligent », « Arnaud n’a peut-être pas un Bac + 8, mais il a de l’humour » … ah ah ah, on commence à revenir sur terre n’est ce pas ? Bieeeeeeeen ! Pourtant ce sont ces même Jean-Pascal, Ferdinand et Arnaud que vous n’auriez jamais regarder s’ils vous avaient abordé quelques années plus tôt. Aujourd’hui que vous avez atteint la date de péremption esthétique, vous voici en train de leur trouver des qualités…

Au-delà du ricanement que votre mise en solde peut susciter, était-il vraiment nécessaire que votre prince charmant fasse 1m90 comme vous l’exigiez à l’époque ? Etait-il vraiment indispensable qu’il roule dans la dernière Porsche avant de vous approcher ?

Par ailleurs, dans un groupe de copines, les bonnes nouvelles sentimentales des unes suscitent parfois la jalousie chez les autres. Helen Fielding avait raison quand, parlant des femmes, elle disait que « Quand on est célibataire, on n’a surtout aucune envie de voir sa meilleure amie se mettre en ménage ». En effet, nombreuses sont celles qui ressentent comme un pincement au cœur en voyant d’autres se caser ou officialiser leur relation. Quand ta copine va t’annoncer qu’elle et son chéri vont se marier et emménager ensembles, en bonne hypocrite tu vas lui dire : « Super !!!!! C’est trop mignon ! Tu te rends compte, vous allez manger tous les soirs ensemble. Ce sera comme avoir des dîners en amoureux, tous les soirs. Vous allez vous réveiller tous les matins, l’un à côté de l’autre. Et puis, toutes les nuits, tu vas t’endormir dans ses bras ! Rholala ma copine, Chui trop contente pour toi. C’est trop romantique ! »

Alors qu’au fond de toi, voici la phrase qui trottine : « Pfffff. Mais pourquoi elle et pas moi ? Pourquoi moi aussi je n’aurais pas droit à un tel bonheur ? Pourquoi moi aussi je ne pourrais pas m’endormir et me réveiller dans les bras d’un chéri ? Pourquoi moi aussi je n’aurais pas droit aux diners en amoureux ? ». Ta jalousie pourra même être encore plus grande si tu trouves que ta copine est moins jolie que toi, et qu’elle est effectivement moins jolie que toi, mais qu’elle réussit là où toi tu broies du noir.

En tout cas, ne vous méprenez pas mesdemoiselles, car plus une fille avance en âge (dépasse les 30 ans), plus ses chances de se caser s’amincisse. Que personne ne vous dise le contraire ! Les bonnes questions, on se les pose à l’âge d’or (la vingtaine), et non pas après que tout votre entourage ne soit plus en mesure de faire la fête avec vous parce qu’elles ont tous un foyer. En restant à cheval sur des critères inflexibles, vous risquez de finir votre vie avec un gars qui n’aura fait aucun effort pour vous avoir, et ce tout simplement parceque sous la pression de l’âge et de la solitude, vous avez du vous résigner à prendre non pas le « premier venu », mais « le dernier venu ».

Non pas qu’il faille nécessairement se brader pour se caser, mais tout est une question de priorité. Il faut savoir classer vos critères par ordre de priorité. Par exemple, le respect, l’ambition, l’intégrité d’un homme sont des vertus qui valent bien plus que l’essence, le porte-feuille ou le mètre carré. Quand au physique, biensur que ça compte, mais on peut ne pas être canon sans pour autant être un thon. Alors, à partir du moment où le gars a une bonne hygiène, qu’il s’entretient, qu’il s’habille correctement, pourquoi ne pas lui donner sa chance ? Vous fantasmez sur les Brad Pitt et les Denzel, mais est ce que eux fantasment sur madame tout le monde que vous êtes ? Non ! Alors avant de rêver d’un Brad Pitt, demandez-vous d’abord si vous ressemblez à Angelina Joly.

De toutes les façons, il vous faudra bien être réaliste à un moment ou un autre. Sinon vous finirez comme « maîtresse » de quelqu’un. Et encore, ça c’est dans la meilleure des hypothèses ! Parceque dans le pire des cas, vous finirez toute seule au milieu de vos chats.