Les vices de l’argent

  • Source : Huffingtonpost.com


Le travail nous permet de répondre aux 5 besoins élémentaires composant la pyramide de Maslow : les besoins physiologiques (notre salaire nous permet de manger, de boire et de dormir sous un toit), la sécurité (notre salaire couvre nos soins de santé et nous assure l’accès à la propriété), les besoins sociaux (le travail nous procure un sentiment d’appartenance, voire d’amitié), l’estime (notre contribution à la société par le travail stimule notre estime personnelle) et l’accomplissement personnel (notre ascension professionnelle ou la gratitude de nos clients/patients/élèves/collègues/patrons nous donnent un sentiment d’accomplissement).

Affluenza : vivre pour gagner de l’argent
Si le salaire constitue un moyen pour satisfaire plusieurs de ces besoins, il devient très souvent aussi une fin en soi. Nous ne gagnons alors plus de l’argent pour vivre, mais nous vivons pour gagner de l’argent. Un néologisme est apparu ces dernières années pour qualifier cette dérive : affluenza. Contraction des mots « affluence » et « influenza », ce nouveau terme désigne « une douloureuse maladie contagieuse, transmise par la société et dont les signes sont un sentiment de remplissage, le doute, l'anxiété et le dégoût qui résulte de l'idéologie du "toujours-plus". » (Wikipedia) Il y a peu, il a été utilisé officiellement dans un procès aux États-Unis, où la défense tentait de trouver des circonstances atténuantes à son client consumériste. Mais qu’est donc précisément cette « maladie » nouvelle ? Et l’argent est-il auteur d’autres vices ?

Plus d’argent, moins d’empathie
De nombreuses études montrent que les qualités d’empathie et de compassion sont moins développées chez les personnes aisées. Par ailleurs, une étude publiée dans la revue Psychological Science révèle que les individus au statut économique inférieur lisent mieux les expressions faciales (un indice important de l’empathie) que ceux qui jouissent de revenus plus élevés. La vulnérabilité et l’instabilité susciteraient en réalité un sentiment de solidarité et d’empathie mutuelle tandis que l’aisance et l’abondance causeraient un sentiment indu de supériorité et d’individualité (« chacun pour soi »).

L’aisance peut altérer le jugement moral

Ce sentiment indu de supériorité se reflète notamment dans une étude menée par l’université de Berkeley, qui établit qu’à San Francisco (où la loi oblige les voitures à céder la priorité aux piétons, comme ici) les propriétaires de voitures de luxe s’arrêtent quatre fois moins souvent que les autres pour laisser traverser les piétons. Une étude publiée par les universités de Harvard et d’Utah révèle également que les personnes exposées à des mots relatifs à l’argent sont plus susceptibles de mentir ou de se comporter de façon immorale.

L’aisance et les addictions
L’argent en lui-même ne cause pas les addictions, mais il a été prouvé que l’aisance multipliait les probabilités de problèmes d’addiction. Ainsi, des études ont démontré que les enfants de familles aisées rencontrent plus de problèmes de drogues que les autres, sans doute à cause d’une pression plus forte et d’une plus grande absence parentale. Ces enfants encourent plus de risques de souffrir d’anxiété, de dépression, de toxicomanie ou de troubles alimentaires. Le binge-drinking est également plus en vogue dans les classes aisées qu’ailleurs. Les addictions sont aussi plus fréquentes à l’âge adulte : on retrouve 27% de plus d’alcooliques chez les adultes aisés que chez les autres.

L’addiction à l’argent lui-même
La volonté d’aisance peut devenir une addiction en elle-même. Comme l’explique le Dr. Tian Dayton, le besoin compulsif d’argent est reconnu comme faisant partie des « addictions comportementales », comme la dépendance au jeu, au sexe ou à la nourriture. Tout comme les addictions à certaines substances, ces dépendances produisent un effet chimique sur le cerveau qui altère l’humeur (comme la dopamine). L’addiction à l’argent engendre des comportements compulsifs qui empiètent progressivement sur le bien-être et la sérénité des personnes qui en sont les victimes.

De quoi relativiser si vous n’avez pas obtenu une augmentation cette année.