La jeune irano-britannique Ghoncheh Ghavami, arrêtée en juin à Téhéran après avoir voulu assister à un match de volley-ball masculin, a été condamnée à un an de prison à l'issue d'un procès pour "propagande contre le régime".
"Le verdict ne m'a pas encore été signifié officiellement mais le juge me l'a montré et ma cliente a été condamnée à un an de prison", a indiqué l'avocat Mahmoud Alizadeh Tabatabaie dans des propos repris dimanche par des médias iraniens. "Dans la mesure où elle n'a pas d'antécédents judiciaires, le tribunal peut lui accorder une remise de peine", a-t-il ajouté, sans expliquer les raisons de cette condamnation.
Ghoncheh Ghavami, 25 ans, avait été interpellée le 20 juin alors qu'elle participait à un rassemblement de femmes voulant assister à Téhéran à une rencontre de la Ligue mondiale de volley entre l'Italie et l'Iran, qui fait partie de l'élite de ce sport.
Relâchée au bout de quelques heures, la jeune femme avait de nouveau été interpellée quelques jours plus tard lorsqu'elle est retournée au commissariat pour récupérer ses affaires personnelles. Un responsable judiciaire avait précisé en septembre que cette nouvelle détention n'était pas liée au sport, sans donner d'autre détail.
Détenue à la prison d'Evine depuis 126 jours, Ghavami a cessé de s'alimenter pendant deux semaines en octobre pour protester contre sa détention et l'absence de procès, selon la page Facebook (Free Ghoncheh Ghavami), où sa mère, sa famille et ses amis ont lancé une campagne pour obtenir sa libération.
Un procès a ensuite eu lieu pour "propagande contre le régime", selon son avocat. Amnesty International a qualifié dimanche le verdict d'"épouvantable". "Il est scandaleux que cette jeune femme soit emprisonnée tout simplement pour avoir pacifiquement affirmé que les Iraniennes sont victimes de discrimination en Iran", a indiqué l'ONG dans un communiqué.
'La mixité pas encore dans l'intérêt général'
La rencontre internationale de volley à laquelle Ghoncheh Ghavami voulait assister avait été interdite aux femmes, une décision alors contestée par le gouvernement du président modéré Hassan Rohani. Le chef de la police nationale, le général Esmail Ahmadi Moghaddam, avait expliqué en juin que la police ne pouvait "permettre la présence de femmes dans les stades" car "la mixité dans les stades n'est pas encore dans l'intérêt général".
L'accès aux stades de football est aussi interdit aux Iraniennes, officiellement en raison du comportement obscène de certains supporteurs masculins. En septembre , le Premier ministre britannique David Cameron avait évoqué le cas de Ghoncheh Ghavami avec le président Rohani lors de leur rencontre en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York. M. Cameron avait souligné "l'impact que ce genre de cas peut avoir sur l'image de l'Iran au Royaume-Uni", selon un porte-parole de Downing Street.
Interrogé à plusieurs reprises ces derniers mois sur les cas d'exécution et de détention en Iran, le président Rohani a toujours affirmé que l'autorité judiciaire est indépendante de son gouvernement. L'Iran a été de nouveau critiqué vendredi au Conseil des droits de l'Homme des Nations unies pour sa politique en la matière, notamment le nombre élevé d'exécutions.
Mohammad Javad Larijani, l'un des adjoint du chef de l'autorité judiciaire et président du Haut-conseil des droits de l'Homme iranien, a rejeté ces critiques en affirmant notamment que son pays avait fait de grand progrès sur le plan des droits de l'Homme depuis un an. Selon l'ONU, au moins 500 personnes ont été exécutées en Iran l'an dernier, en majorité pour des affaires de drogue, et plus de 350 l'ont été durant les six premiers mois de 2014.
Condamnée à la prison pour avoir voulu assister à un match de volley - Photo à titre d'illustration