L’hôpital méthodiste de Dabou serait-il devenu un mouroir ? Tout porte à le croire, tellement les plaintes se succèdent à la suite de décès constatés.
En effet, la plupart des usagers se plaignent des prestations de ce centre hospitalier de renom, subventionné par l’État ivoirien et la coopération suisse. En tout cas, le décès de Dago Deuh Eugénie, le jeudi 25 juin 2015, semble avoir ouvert la boîte de pandore sur les comportements peu recommandables de certains agents.
Diongue Mamadou, industriel et époux de Eugénie, 34 ans, que nous avons rencontré, le vendredi 26 juin 2015, au quartier Ancien Dabou où il réside, ne cache pas son amertume et sa colère. «Je vais porter plainte contre les responsables de cet hôpital parce qu’ils ont tué mon épouse. Ce sont des criminels », nous lance-t-il en sanglots.
Que s’est-il passé exactement ? C’est un homme ravagé par la douleur qui nous raconte les péripéties qui ont conduit à ce drame. «Le mardi 23 juin, au réveil, mon épouse qui porte une grossesse de quatre mois, perd sa poche d’eau.
Elle me le signale. Sans perdre de temps, je la conduis à l’hôpital méthodiste de Dabou pour des soins appropriés. C’est à 8 h 30 que nous sommes reçus par une sage-femme du nom de Mme Dagnogo Léa épouse N’Guessan, au service de gynéco-obstétricale. Après les formalités d’usage, on me tend une ordonnance de 8000 F.Cfa.
Par la suite, les sages-femmes Mlle Koffi et Mme N’Guessan nous font attendre jusqu’à 11 h, avant de me signifier que mon épouse doit subir un examen échographique. Trois bonnes heures s'étaient écoulées », raconte Diongue Mamadou, avant de poursuivre.
« A ce moment, je sentais que ma femme allait de plus en plus mal. Je débourse encore 10. 000 F Cfa pour les frais mais c'est à 19 h qu’on m’apporte le résultat. Après quoi, ma femme est admise dans une salle d'hospitalisation.
A 21 h30, alors que mon épouse est presque dans le coma, Mme N’Guessan me soumet à un marchandage. Elle me signifie que ma femme doit subir un traitement qui coûterait officiellement 200 000 F Cfa mais si je m'entends avec le gynécologue, je peux donner 100 000 Fcfa ; une sorte d’arrangement. J’ai trouvé cela bizarre dans un hôpital de renom. Mais voyant l’état de santé de mon épouse qui se dégradait, j’ai mordu à l’hameçon.
C’est à la suite de cela qu’on lui place une perfusion et lui administre d’autres médicaments pour évacuer le fœtus. Je suis donc resté au chevet de ma femme jusqu’au petit matin du 24 juin 2015 ».
Un autre arrangement de 100.000 FCfa
La colère à fleur de peau, Diongue Mamadou arrive tout de même à continuer : « Vers 9 h, le gynécologue arrive. Il propose que ma femme passe au bloc opératoire parce que les médicaments n’ont pas produit l’effet escompté. On m’indique qu’on doit lui faire une anesthésie locale pour extraire le fœtus. Puis Mme N’Guessan me fait le même marchandage en me proposant un autre arrangement de 100 000 Fcfa, selon les recommandations du gynécologue.
Ce que je fais toujours dans l’espoir que cela sauverait ma femme. Le mercredi 24 juin, à 16 h, elle entre au bloc. Trois heures plus tard, on la fait sortir et elle est admise dans une salle d'hospitalisation, en attendant que l’anesthésie passe. Je profite alors pour aller chercher à manger, surtout qu’elle a passé deux jours sans manger. Mais à 20 h, la douleur reprend.
Pendant ce temps, les deux sages-femmes sont relayées par deux autres. Les moments qui suivent, ma femme se met à vomir. Je m’empresse à son chevet pour ramasser les vomissures sous le regard indifférent des nouvelles sages-femmes qui devaient, en principe, le faire.
De plus, elles m’intiment l’ordre de sortir de la salle. On m’empêche désormais d’assister ma femme dont l'état se dégradait visiblement. En colère, mon épouse demande que l'infirmière lui enlève la perfusion.
Sans aucune autre forme de procès, elle s’exécute sans même consulter le médecin de service. Puis, elle exige à nouveau que je sorte. Il est 1h du matin et je me retire pour revenir le lendemain jeudi 25 juin 2015, à 5h.
Curieusement, toutes les portes sont hermétiquement fermées. Je sonne et la même infirmière me signifie que mon épouse est en soins intensifs. Je faisais le pied de grue jusqu’à 8 h, quand le gynécologue dont j'ignore encore le nom, arrive. 45 minutes plus tard, il m'appelle pour me signifier que mon épouse est décédée. J’étais choqué et meurtri car convaincu que le comportement (...) Lire La suite sur Linfodrome
Dabou/ Hôpital méthodiste: Scandale autour de la mort d’une femme enceinte - Photo à titre d'illustration