Bravant le froid et le brouillard, Rui, 6 ans, et sa cousine Eduarda, 10 ans, attendent avec impatience l'arrivée du cornemuseur pour sortir un paquet de cigarettes et commencer à fumer sur la place du village, perpétuant ainsi la mystérieuse tradition de la fête des rois à Vale de Salgueiro, dans le nord-est du Portugal.
L'arrivée du musicien samedi soir, dans ce bourg d'une région de peuplement celtique, marque le début de la fête de l'Epiphanie qui prendra fin à son départ dimanche soir. Timides, les enfants laissent à leurs parents qui leur ont offert les cigarettes le soin de tenter d'expliquer la coutume.
Jusque tard dans la nuit de samedi à dimanche, par une température proche de zéro, adultes, adolescents et une poignée d'enfants discutent et dansent joyeusement au son des cornemuses et des tambours. Et, quasiment tous, fument cigarette sur cigarette.
"Les villageois savent que c'est mauvais pour la santé"
"On ne sait ni quand ni comment a commencé cette tradition, mais nous avons un habitant âgé de 101 ans qui dit que c'était déjà comme ça du temps de ses parents", dit le maire du village, Carlos Cadavez. "Nous pensons qu'au départ c'était lié à l'émancipation des garçons à l'approche de l'adolescence", poursuit-il.
"Les gens du village savent que le tabac est mauvais pour la santé, c'est juste un rite de passage", souligne José Ribeirinha, un journaliste qui a écrit un livre sur cette tradition.
"Cette coutume fait partie d'un ensemble plus vaste de festivités liées au solstice d'hiver et, comme pour Carnaval, il y a une sorte de suspension des règles" en vigueur le reste de l'année, précise-t-il.
Dans ce village, pour l'Épiphanie, on laisse les enfants fumer - Photo à titre d'illustration