Quelques clics sur internet suffisent pour se procurer un logiciel permettant d'espionner le téléphone de quelqu'un de son entourage. Et les vendeurs de ce type d'applications n'étaient pas vraiment inquiétés jusqu'ici. Mais les Etats-Unis ont décidé de sévir. Un Pakistanais a été inculpé pour avoir créé et vendu une application pour téléphones mobiles capable de surveiller les appels, les textos, les courriels et le contenu d'un portable sans être repéré, a annoncé lundi le ministère américain de la Justice.
Il s'agit de la première affaire pénale de ce genre pour le ministère. «La vente de logiciels espions est pénalement répréhensible», a déclaré la ministre adjointe de la Justice, Leslie Caldwell, soulignant que de tels instruments étaient «expressément conçus pour les auteurs de harcèlement et de maltraitance domestique qui veulent connaître chaque détail de la vie personnelle de leur victime, sans que celle-ci ne soit au courant». Cette application, baptisée «StealthGenie» ou «le génie de la discrétion», «n'a que peu d'utilité en dehors de l'invasion de la vie privée d'une victime», a ajouté Dana Boente, procureure du district de Virginie (est) où le Pakistanais a été inculpé. D'après l'acte d'inculpation, le projet de vente stipulait explicitement que l'application visait les époux jaloux ou soupçonnant une relation extraconjugale.
Interdit aussi en France et pourtant...
Arrêté vendredi à Los Angeles, Hammad Akbar, 31 ans, a été inculpé pour complot, vente et publicité d'un instrument d'interception furtive et devait comparaître lundi devant un juge de Virginie. Il est soupçonné d'avoir créé cette application avec des complices. Son site internet, qui abritait le logiciel et en faisait la promotion et la vente, a été démantelé par le FBI, selon un communiqué.
Indétectable de la plupart des utilisateurs, et vantée comme telle dans les publicités en ligne, cette application pouvait intercepter toutes les communications ainsi que le contenu - contacts, agenda, photos, vidéos - de téléphones mobiles comme l'iPhone d'Apple, le BlackBerry ou encore les appareils équipés du système d'exploitation Android de Google. Sur le site internet, des témoignages entièrement construits s'adressaient aux potentiels acheteurs désireux de surveiller leurs partenaires ou conjoints qu'ils soupçonnaient d'être infidèles. Les clients ne devaient avoir le contrôle du téléphone à surveiller que le temps de quelques minutes pour installer l'application et n'avaient ensuite plus besoin de le consulter pour en connaître les moindres secrets.
Cette arrestation apparaît toutefois comme l'arbre qui cache la forêt. Car des logiciels espions, il en existe des centaines voire des milliers partout dans le monde et se les procurer ne nécessite que quelques clics sur internet, moyennant 150 à 300 euros. Ils semblent donc avoir encore de beaux jours devant eux, y compris dans l'Hexagone où il s'en vend tous les jours. Pourtant, en France aussi espionner le téléphone portable d'un tiers est considéré comme une atteinte à la vie privée. Le code pénal prévoit d'ailleurs que l'enregistrement de paroles sans consentement et la violation du secret de la correspondance, sont punis d'une peine d'un an de prison et d'une amende de 45 000 euros...
Etats-Unis : un Pakistanais inculpé pour vente d'un logiciel espion sur portable - Photo à titre d'illustration