Une femme en fauteuil roulant a été percutée par un train mercredi. Grâce à son invalidité, elle n'a pas été déchiquetée. Elle s'en sort avec une fracture des genoux.
«Tout d’un coup, j’ai entendu ma copine qui criait car elle n’arrivait plus à maîtriser son fauteuil roulant. Le train arrivait...» Pour ne pas voir la scène d’horreur qui se profilait devant elle, Ariane a tourné la tête. Des cris d’épouvante fusaient sur la voie 1 de la gare d’Yverdon, mercredi aux environs de 8h. L’irréparable semblait inéluctable. D’autant plus que Mouna, une femme de 44 ans atteinte de poliomyélite, se sentait impuissante. «J'allais au travail. Je me suis avancée pour que l’employé des CFF m’aperçoive et vienne m'aider, comme d'habitude, à monter dans le train. Je n’avais ce nouveau fauteuil ultra moderne que depuis un jour. Dans la panique, je ne trouvais plus le bouton pour l’arrêter.»
«Des images de toute ma vie ont défilé»
Au moment où l’ICN en direction de Lausanne est sur le point de s’arrêter en gare d’Yverdon, c’est le choc. Le fauteuil vole en éclats et la pauvre femme se retrouve le bas du corps sur les voies, la tête sur le quai. «Je tremblais et j’avais la bouche sèche. Des images de ma vie, de mon enfance à maintenant, ont défilé en moins d’une seconde. Si j’avais les jambes valides, je les aurais bougées et j’aurais été déchiquetée. Mon handicap m’a sauvée.»
Hier, cinq jours après après l'accident, sur son lit d’hôpital, la quadragénaire algérienne savourait encore ce miraculeux pied de nez à la mort. «Je n’ai que des fractures aux genoux et aux tibias.» Et Mouna n’a qu’un mot à la bouche: «Merci.» Merci au personnel soignant de l'hôpital d'Yverdon et aux passagers qui ont notamment fait preuve d’une grande humanité en lui prodiguant les premiers secours.
Happée par un train et sauvée par son handicap - Photo à titre d'illustration