L’omelette était-elle trop baveuse ? Pas assez cuite ? Il n’en fallait pas plus pour que Michel, 56 ans assène un coup de couteau au bras de celle qui est son épouse depuis 21 ans. Il écope de 10 mois de prison - dont six mois ferme.
Les faits se passent le 21 juin dernier à Izaut-de-l’Hotel. Depuis 7 heures du matin, Michel consomme de l’alcool, puis il se couche pour décuver. Lorsqu’il se lève, à 16 heures, il réclame à manger. Son épouse lui prépare une omelette qui ne semble pas à son goût, puisqu’il jette l’assiette au creux de la jambe de sa compagne qui riposte d’un coup de spatule en fer sur la tête. Fou de rage, il se saisit d’un couteau à viande, poursuit dans l’escalier celle qui a osé contester son autorité et lui donne un coup de couteau sur l’avant-bras droit.
Trois points de sutures interne et externe seront nécessaires pour recoudre la plaie profonde de trois centimètres. Un certificat médical établi par un médecin légiste fait état de 5 jours d’ITT.
« Pas un couteau à viande »…
Michel, incarcéré pour d’autres faits, comparait devant le tribunal de Saint-Gaudens : « Ce n’était pas un couteau à viande mais à fromage. Je l’ai simplement piqué au bras », détaille-t-il sans prendre conscience de la gravité des faits. « Si elle ne m’avait pas ouvert la tête avec son coup de spatule, je n’aurais pas réagi ainsi ».
À la barre, son épouse soutenue par maître Sannou narre un quotidien fait de violences : « Deux jours avant, il m’a frappé avec la télécommande. Il a un gros problème avec l’alcool », poursuit l’épouse dépitée. « Il consomme cinq ‘‘cubis’’ de vin par semaine. Il y a deux mois, il a tenté de détruire mon véhicule en embrasant une bouteille de ‘’White spirit’’ placée sous le moteur de mon véhicule. Un jour, il a enflammé un torchon imbibé de ce même produit ». Tout est sujet à violences et à dispute.
L’éviction de conjoint pas respectée
Michel intervient pour tenter encore de se défendre : « Elle m’avait jeté un tabouret dessus, sans compter les boîtes de conserve que j’ai reçues sur la tête. Un jour, en voiture, elle a écrasé mon chien qu’elle a déposé à mes pieds ».
La procureur, Cécile Deprade, avance un geste délibéré, un acte volontaire à sanctionner : « Au mois d’août, une décision d’éviction de conjoint violent avait été prononcée, il est quand même revenu au domicile et a dégradé la maison, mettant le feu à l’escalier et au véhicule de madame », poursuit la représentante du parquet. « C’est une personnalité inquiétante ».
Maître Jarlan Soriano, conseil de Michel évoque un contexte de violences familiales avec une part réciproque de responsabilité. « La situation s’est aggravée suite à un accident du travail qui l’a rendu handicapé ».
Après délibéré, le prévenu a été maintenu en détention. Il écope de 10 mois de prison dont 4 avec un sursis, mise à l’épreuve de 2 ans comportant une obligation de soins, une interdiction de paraître au domicile et d’entrer en contact avec la victime. Il devra régler 500 € de dommages et intérêts.
Il n'aimait pas l'omelette de son épouse, il la poignarde - Photo à titre d'illustration