Un drame de la séparation est à l'origine d'un carnage à l'arme blanche découvert jeudi matin à Claville, petite commune de l'Eure.
Le père de famille, âgé de 38 ans, a semble-t-il agi car il ne supportait pas que sa femme s'apprête à le quitter. Il a tout de suite reconnu les faits et a été placé en garde à vue, mais devra être réinterrogé après avoir subi une opération chirurgicale. Conduit à l'hôpital, il a trois tendons de la main sectionnés et des plaies à l'abdomen.Son fils, un adolescent de 15 ans, gravement blessé à l'abdomen, lutte pour sa survie. «Les médecins refusent de se prononcer. Etant jeune, nous espérons qu'il a de la ressource», a commenté la procureure d'Evreux, Dominique Laurens, au cours d'une conférence de presse.
Une scène de crime atroce
Le drame s'est vraisemblablement déroulé dans la nuit, estiment les enquêteurs qui n'ont pu encore établir le déroulé précis des faits.Vers 08h30, le grand-père de la famille - venant chercher son fils, agent technique dans une collectivité, pour l'amener à son travail - a donné l'alerte, s'inquiétant que la maison soit encore fermée et que personne ne réponde. Les pompiers, qui ont cassé un carreau pour pénétrer dans cette petite maison neuve de lotissement, tout au bout du bourg de Claville, vont être confrontés à une scène de crime atroce.
Dans la salle à manger, ils découvrent d'abord la mère, âgée de 36 ans, sans profession, tuée par une arme blanche non encore identifiée. Puis, dans la chambre parentale, ils tombent sur le père couché sur deux petites filles, âgées de 5 et 11 ans, également sans vie. Le meurtrier présumé, qui les enserre, est vivant et ne souffre que de blessures ne mettant pas sa vie en danger.Dans la salle de bain, ultime scène d'horreur. Le fils adolescent gît dans son sang, souffrant d'une grave blessure à l'abdomen.
La famille, qui avait emménagé il y a moins d'un an à Claville, n'était pas particulièrement connue dans la commune. Selon une voisine, l'adolescent devait passer son brevet ce jeudi.La nouvelle a créé la stupeur dans le village, où, initialement, une fête était prévue dans la journée à l'école primaire.«Ca remue tout le monde. On ne pense pas que ça puisse arriver si près de chez nous», confie aux journalistes Françoise Camus, une riveraine rencontrée en compagnie de ses enfants.Véronique Hamelet, cuisinière dans un foyer pour enfants défavorisés qui habite à une centaine de mètres des lieux du drame, est bouleversée. «Que les adultes se battent entre eux, mais qu'ils fassent du mal aux enfants... J'ai un petit filleul de cinq ans, je me vois mal le tuer», dit-elle en sanglotant.
Si le mobile est simple, la reconstitution des meurtres va demander beaucoup de travail aux enquêteurs de la gendarmerie.Quatre experts en police scientifique, en combinaison blanche de la tête aux pieds, ont passé la maison et le jardin au peigne fin, en appui des médecins légistes. Il restait encore une pièce à examiner en début d'après-midi.Une trentaine de gendarmes ont été mobilisés pour une «enquête d'environnement», a indiqué le commandant du groupement de gendarmerie de l'Eure, le colonel Samuel Dubuis.Des autopsies seront pratiquées sur les trois personnes décédées.
La presse a été tenue à l'écart de la maison, un périmètre assez large étant établi.Le meurtrier, selon Mme Laurens, était dépressif depuis qu'il savait que sa femme, épousée il y a dix ans, avait décidé de quitter le domicile conjugal.
Il tue son épouse, ses filles et blesse grièvement son fils - Photo à titre d'illustration