Après plus deux ans d'attente, le procès du Canadien Luka Rocco Magnotta, qualifié de «dépeceur de Montréal», doit s'ouvrir lundi au Canada. Il plaide non coupable.
L'accusé, après avoir tué dans des conditions horribles son ancien petit ami, encourt la prison à vie.
Au coeur de cette affaire criminelle, l'une des plus retentissantes et des plus sordides de l'histoire du Canada, M. Magnotta, un ancien acteur pornographique, est accusé d'avoir tué avec préméditation et dépecé un étudiant chinois en mai 2012, avant d'envoyer certains de ses membres jusqu'au bureau du premier ministre canadien Stephen Harper. Il avait été arrêté à Berlin, après une cavale d'une dizaine de jours.
Son procès devrait durer de six à huit semaines. Il se déroulera surtout en anglais et devant un jury de 12 personnes, six hommes et six femmes.
Fait exceptionnel, la sélection du jury, pour laquelle 1600 personnes avaient été convoquées, a duré presque deux semaines, en raison de la difficulté de trouver des candidats n'ayant pas d'opinion sur cette affaire. De plus, les jurés devaient être parfaitement bilingues, car plusieurs des quelque 60 témoins attendus à la barre s'exprimeront en français.
Pic à glace
Ne voulant prendre aucun risque de faire avorter le procès, la justice a également sélectionné deux jurés remplaçants, qui entendront les débats, mais ne prendront part aux délibérations en vue du verdict que si un ou des membres du jury se désistent.
Les débats doivent débuter avec l'exposé de la preuve par l'avocat de la couronne (ministère public). Cette preuve comprend des dépositions de témoins, entendus le printemps dernier par une commission rogatoire, qui s'était rendue en France et en Allemagne.
Agé de 32 ans, Luka Magnotta est accusé d'avoir tué chez lui avec un pic à glace son ancien petit ami Lin Jun. Il est également poursuivi pour outrage de cadavre pour l'avoir découpé, de diffusion de matériel obscène avec une vidéo postée sur Internet, d'envoi par courriers de morceaux du cadavre, et de harcèlement vis-à-vis du premier ministre canadien Stephen Harper et de députés.
Non coupable
Le dépeceur présumé a plaidé non coupable à tous ces chefs d'accusation pour lesquels il est passible de l'emprisonnement à vie.
L'affaire avait commencé en mai 2012, alors que le Québec était plongé dans une crise sociale majeure provoquée par une grève étudiante. Un torse décapité, celui de la victime, avait été retrouvé dans une valise jetée sur un tas d'ordures dans une ruelle de Montréal. L'enquête avait rapidement mené la police à un logement situé tout près, où habitait M. Magnotta.
Avant de prendre un vol pour Paris, le 26 mai, le suspect aurait envoyé les pieds et les mains de la victime par colis postal au siège du parti conservateur canadien et à celui du parti libéral, à Ottawa, ainsi qu'à deux écoles de Vancouver. La tête de la victime n'avait été retrouvée qu'en juillet 2012 dans un parc de Montréal.
La cavale du tueur présumé l'avait ensuite conduit en Allemagne où il avait été arrêté le 4 juin 2012, dans un cybercafé à Berlin, avant d'être rapidement extradé au Canada.
Jugé pour avoir tué et dépecé son ex petit ami - Photo à titre d'illustration