Les récompenses glanées par cette structure sanitaire telles que le premier prix ivoirien de la qualité édition 2002 et 2003, le prix international qualité Crown Award 2004 Business Initiative Directions (BID) de Londres et l’engagement à la démarche qualité pour la certification ISO 9001/2008, témoignent éloquemment du prestige dont elle jouit.
Sauf qu’il y a deux ans, un fait est venu assombrir un peu le tableau. Un dossier dépoussiéré par l’infernal quadrupède…
Voyage dans le temps
En 2011, Ouéssi Stéphane, électromécanicien à la Compagnie ivoirienne d’électricité(CIE) a commencé à se plaindre de douleurs vives et persistantes localisées dans la colonne vertébrale. Pour avoir une idée nette de ce qui se passait dans son dos, il part à la rencontre du médecin de son entreprise auprès de qui il se lamente sur ce qui lui arrive. Le toubib l’ausculte et décide de le faire hospitaliser dans une clinique. Objectif? Y subir quelques examens approfondis. Mais cette hospitalisation ne mettra pas fin aux douleurs ressenties par Stéphane. Devant la persistance du mal, Stéphane repart en consultation auprès du médecin de son employeur. Ce dernier l’oriente alors vers la Pisam pour une consultation beaucoup plus approfondie en rhumatologie et hématologie. Reçu le 19 octobre 2011 à la Pisam par le Professeur Koffi Kouassi Gustave. Là, ce dernier examine l’ensemble des résultats des examens déjà réalisés, avant d’ordonner d’autres examens. Lesquels lui permettent de soupçonner un affreux problème neurologique. Aussitôt, il fait admettre le malade aux urgences de la Pisam.
«Ton cas nécessite une opération chirurgicale»
Interné aux urgences, il est à nouveau examiné par le Professeur N’Dri Oka, un chirurgien neurologue. Ce dernier décide de son hospitalisation et lui indique par ailleurs que son état nécessite une intervention chirurgicale. Le coût de la facture tendue au malade en vue de l’achat d’un lot de matériels nécessaires pour son opération chirurgicale s’élève à 2.500.000 francs CFA.
Le malade, tant bien que mal, réussit à acquérir le matériel médical indiqué, grâce à la prise en charge d’une partie des frais médicaux par son employeur. Mais il n’est pas encore au bout de ses peines. La raison, quelques jours plus tard, il est porté à sa connaissance qu’il doit acheter un matériel complémentaire dénommé ballonnet, indispensable selon le Professeur, à la réussite de l’intervention chirurgicale. Petit souci, ce ballonnet est introuvable sur le marché pharmaceutique local. Finalement, c’est en Hollande qu’une commande est passée.
En attendant l’arrivée de la commande, le malade, avec l’accord du Professeur et dans un souci d’amoindrir les frais d’hospitalisation qui devenaient dangereux pour ses petites économies, décide de rentrer chez lui.
Mais avant de libérer son patient le 02 novembre 2011, le Professeur décide de lui poser un corset de la hanche à la poitrine alors que celui-ci n’avait aucun problème de motricité ni d’insensibilité de ses membres. A son domicile, Ouéssi Stéphane, demande, quelques jours plus tard, en raison des difficultés qu’il éprouve à respirer correctement, que le corset posé par le chirurgien soit retiré. Sa demande ne sera pas automatiquement acceptée. Toutefois, face à ses complaintes répétées, le corset sera finalement retiré et il est une nouvelle fois hospitalisé dans cette clinique le 13 novembre.
Un nouveau spécialiste pour Stéphane
Le 17 novembre 2011, le malade reçoit dans sa chambre, la visite d’un autre médecin, en l’occurrence le Professeur Boni N’Guessan, lui aussi neurochirurgien, mais plus expérimenté, paraît-il, que le Professeur N’Dri Oka.
Le professeur Boni N’Guessan informe le malade que le 18 novembre, il effectuera sur lui, l’intervention chirurgicale prévue. Troublé par cette information, Ouéssi Stéphane ne manque pas d’attirer l’attention du chirurgien sur le ballonnet commandé qui n’est pas encore arrivé alors que le professeur N’Dri Oka avait jugé indispensable pour la réussite de l’intervention chirurgicale, l’acquisition de ce matériel.
Mais Stéphane est rassuré que contrairement à ce qui lui avait été dit, l’opération peut bien se dérouler sans ce matériel.
Un fiasco total
Le 18 novembre 2011, sans le ballonnet, Stéphane subit l’opération annoncée la veille. Une semaine plus tard, le voilà hors de la clinique, libéré pour regagner son domicile. De temps en temps, selon les indications médicales, il se rend à la Pisam pour effectuer des pansements et des séances de rééducation avec un kinésithérapeute. Mais alors qu’il se croit sorti d’affaire, un jour, son état de santé, brusquement, se dégrade. Il joint le professeur Boni N’Guessan au téléphone et l’informe de son état de santé. Ce dernier le prie de se rendre à la clinique mais en raison des douleurs, il ne peut faire le moindre mouvement.
Stéphane appelle de nouveau le médecin et tente d’obtenir un rendez-vous pour un autre jour. Ce sera pour le 04 janvier 2012. Là, à la demande du médecin, d’autres examens sont effectués. Le résultat est sans appel. Il y a une présence de pus résultant de complications générées par l’écrasement du matériel utilisé pour l’opération chirurgicale.
Devant ce résultat catastrophique, le professeur Boni N’Guessan décide de reprendre l’opération.
Stéphane atterrit en « enfer » !
Le 5 janvier, dans l’attente de cette seconde intervention et alors qu’il est dans sa chambre, Stéphane reçoit la visite du professeur N’Dri Oka. Lequel lui apprend que cette fois-ci, c’est lui qui a été désigné pour réaliser l’intervention chirurgicale.
La seconde intervention a donc lieu. Mais elle se passe mal. Car le patient a perdu l’usage de ses jambes. Et se retrouve condamné pour le reste de sa vie, à se déplacer en fauteuil roulant. Pire, il est incapable de contrôler des besoins naturels (selles et urines). Autant dire que sa vie bascule dans « l’enfer ».
Compte tenu de son état de santé, sa compagne, courageusement, l’abandonne.
Stéphane informe son employeur de sa misère. Celui-ci prend en charge une grande partie des frais médicaux nécessités par sa double intervention chirurgicale et son hospitalisation.
Par la suite, informée de l’état de santé d’Ouéssi Stéphane, la responsable des prestations sociales de la Cie approche la Direction de la Pisam. Un arrangement à l’amiable est trouvé. La Pisam s’engage à rembourser les 11 millions prélevés dans les poches du patient pour ce résultat dramatique.
«Il n’y a pas eu d’erreur médicale »
Informé de ce succès médical, l’infernal quadrupède a approché les responsables de la Pisam. Le 7 février, « L’Eléphant » a rencontré le professeur N’Dri Oka. D’abord, il a refusé de dire un mot sur cette affaire. Mais devant l’insistance du quadrupède, il a fini, prudemment, par lâcher quelques mots: «S’il (Ouéssi Stéphane) veut, il peut dire ce qu’il a envie de dire. Et si vous (l’infernal quadrupède) racontez n’importe quoi sur nous, on a le droit de se défendre. Nous n’avons rien à dire. Nous ne sommes pas responsables de ce qui arrive à monsieur Ouéssi. Il estime avoir été victime d’une erreur médicale, c’est à lui de le prouver. Dans cette affaire, on n’a rien à cacher. L’affaire est tellement claire qu’elle suit son cours à la justice.» Elle ne suivrait pas son cours à la justice si elle était obscure ?
Question de « L’Eléphant » : Pourquoi est-ce le Professeur Boni N’Guessan qui a effectué la première intervention chirurgicale ? Réponse : «On a un staff en place où on désigne celui qui doit effectuer une intervention chirurgicale. Et c’est aussi une question de disponibilité des médecins».
Puis, cette mise en garde : «Ecrivez tout ce que vous voulez. Mais si je suis attaqué, la justice et l’ordre des médecins feront leur boulot.» On est mort de peur!
Docteur Kouadio Alexis, le responsable de la Direction des services professionnels, approché par « L’Eléphant », s’est montré tout aussi prudent. Précisant toutefois sans autre détails, qu’il ne faut pas confondre « échec médical » et «erreur médicale».
Les juges apprécieront…
Ce serait la faute au patient !
Les deux praticiens interrogés par «L’Eléphant » expliquent que l’état de santé actuel de leur ex-patient n’est pas de leur fait. Le contenu d’un rapport médical signé par le Professeur N’Dri Oka corrobore d’ailleurs cette position. Ce rapport relatant l’évolution de l’état de santé du malade dit ceci : «Le 30/12/11, le patient s’aggrave d’un déficit moteur quasi-complet des membres inférieurs. Mais il ne se rendra à l’hôpital qu’une semaine plus tard. L’examen clinique objective une compression médullaire flasque avec une vivacité des reflexes ostéo-tendineux. Il ne se présentera à la Polyclinique Internationale Sainte Anne Marie d’Abidjan que le 04/01/12(…) ».
Sauf que Stéphane lui, soutient qu’avant les deux interventions chirurgicales, il pouvait toujours gambader sur ses jambes. Il reste donc convaincu que les interventions chirurgicales qu’il a subies sans que le ballonnet (un instrument jugé indispensable pour l’opération), commandé en Hollande ne soit livré, sont à la base de la perte de l’usage de ses jambes. Conséquence, il demande à la justice de condamner la Pisam à lui verser des dommages et intérêts d’un montant de 500 millions de Fcfa.
On espère que les juges pourront y voir un peu plus clair dans cette « affaire qui est tellement claire qu’elle suit son cours à la justice… »
La Pisam traînée devant la justice par un ex-patient - Photo à titre d'illustration