Un riche maire libanais a été arrêté en Espagne. Il est soupçonné d’avoir proposé 40.000 euros à des immigrants pauvres pour leur acheter un morceau de foie parce qu’il avait besoin d’une greffe. Il s'agit de la première tentative de trafic d’organes détectée dans ce pays pionnier dans les transplantations.
«C’est le premier cas que nous avons identifié», a expliqué mercredi dans une conférence de presse le directeur de la police nationale, Ignacio Cosido.
Au total, cinq personnes ont été arrêtées. Le maire, âgé de 61 ans, a été arrêté le 3 janvier à l’aéroport de Valence et les autres personnes dans les 15 jours qui ont suivi.
Trois sont des Libanais résidant en Espagne et proches du maire. La quatrième est un Palestinien qui vit lui aussi en Espagne depuis 48 ans, a précisé l’inspectrice en chef Esther Maldonado. Elles ont toutes été remises en liberté sous contrôle judiciaire et certaines d’entre elles ont dû remettre leur passeport, a-t-elle ajouté. Le trafic d’organe est passible de 12 ans de prison en Espagne.
L’enquête débute fin juin 2013, lorsqu’une ONG de Valence, dans l’est de l’Espagne, dont la police n’a pas divulgué le nom, spécialisée dans l’accueil des immigrés, alerte la police.
Elle vient de recevoir le témoignage d’une Algérienne de 28 ans qui a été contactée pour donner une partie de son foie contre 40.000 euros, «sans réaliser vraiment qu’elle était victime d’un délit», a expliqué l’inspectrice.
La police identifie alors deux personnes qui servaient d’intermédiaires et tentaient de recruter d’éventuels donneurs, des immigrés en situation illégale et sans ressources, en leur offrant jusqu’à 40.000 euros.
L’objectif est de réaliser une greffe d’un morceau de foie sur le patient libanais qui souffre d’une insuffisance hépatique chronique, et ne peut subir l’opération dans son pays.
Neuf personnes sont sélectionnées et envoyées passer des examens dans une clinique privée de Valence dont la police n’a pas révélée le nom, mais qui n’a pas été mise en cause. «Ils ont dit qu’ils venaient comme touristes sanitaires pour des examens de contrôle», assure Esther Maldonado.
La facture, de 12.000 euros au total, est payée par une mystérieuse entreprise dont la police ne dit rien «en raison de la procédure judiciaire». «Il s’agit d’une entreprise commerciale mais pas dans le domaine sanitaire», selon une source policière.
Un seul candidat est retenu, un Roumain. Mais l’hôpital Clinic de Barcelone, l’un des trois établissements en Espagne capables de pratiquer des greffes de foie provenant de donateurs vivants, rejette son offre.
«Le système a fonctionné. Il n’a pas été établi de relation forte entre le donneur et le récepteur» comme le prévoit la loi espagnole, affirme le Dr Matesanz, précisant que le candidat roumain s’était fait passer pour «le petit ami d’une nièce» du patient.
Au bout du compte, le maire libanais a été greffé en août 2013 grâce à un don de son fils, a ajouté le médecin. Cette possibilité avait été dans un premier temps écartée car les médecins dans son pays lui avaient dit, à tort, que son fils était trop jeune.
Le maire voulait acheter son foie à un pauvre - Photo à titre d'illustration