Le sperme semble devenu un bon moyen pour certaines prostituées qui gagneraient moins par leurs prestations corporelles que par la récupération des condoms usagés d’arrondir leurs fins de mois.
Le phénomène n'est pas nouveau dans la capitale économique ivoirienne et ne touche pas que la Côte d'Ivoire. Des rumeurs comparables circulent au Ghana depuis plus de trois ans. Le liquide s'exporterait même jusqu'au Niger et au Zimbabwe.
Elles n’hésitent pas à dérober le sperme de leurs clients qu’elles récoltent dans leur préservatif pour le vendre à des marabouts au prix de 10 000 ou 15000 Fcfa, voir plus.
En octobre 2011, trois jeunes femmes, âgées de 24 à 26 ans, auraient ainsi été interpellées avec 31 préservatifs usagés dans le coffre de leur véhicule. Certaines zimbabwéennes auraient même drogué des auto-stoppeurs, les obligeant ensuite à des rapports sexuels. La "traite" achevée, elles auraient conservé les préservatifs.
Les fournisseurs de ce trafic seraient certains tenanciers des établissements de passe ou des prostituées, des allégations rejettées en bloc par les gérants d’hôtels qui estiment que "généralement les clients ne laissent pas traîner les capotes utilisées, ils les font couler dans la cuvette des toilettes. Nous n’avons jamais eu de proposition d’achat de sperme dans notre hôtel".
À défaut de pouvoir obtenir ainsi de grandes quantités de liquide humain, les tenants de ce curieux commerce s'adresseraient parfois directement à de jeunes des quartiers défavorisés. Ces derniers céderaient le fruit d'une masturbation comme on donne son sang. Mais pas gratuitement...
Ces pratiques peuvent toutefois se révéler dangereuses pour les malheureux clients qui ignorent le sort réservé à leur liquide séminal. D’après une travailleuse du sexe, un de ses clients est tombé gravement malade et n’a pas pu guérir malgré les soins médicaux. Certaines refuseraient donc de vendre le sperme de leurs clients.
"L’année dernière, un Nigérien m’a approchée pour que je lui livre le sperme de mes clients moyennant une forte somme d’argent. Face à mon refus, il m’a rassurée en me disant que c’était simplement pour faire fructifier son commerce. Mais j’ai refusé cette demande qui est à mon sens immorale", raconte Affou*.
"Cette pratique existe depuis quelques années à Abidjan. Ma camarade, qui travaille dans un hôtel, m’a confié un jour que des hommes l’avaient contactée pour acheter du sperme pour le compte d’une dame. Et que ce liquide devait permettre à cette dernière de faire des rituels en vue de raffermir les liens d’affection entre elle et son mari, qui commençaient à être distendus" révèle une autre.
Un avis partagé par celui-ci. « Je suis gérant d’hôtel depuis plus de dix ans. Jamais une telle proposition, aussi indécente que diabolique, ne m’a été faite. D’ailleurs, c’est une règle chez nous d’éviter de toucher aux préservatifs usagés et abandonnés dans les chambres, à cause des maladies ». Les informations concernant ces pratiques ont en tous cas fait grand bruit.
*Nom d'emprunt
APR/LBB
Les prostituées entrent dans le trafic de sperme - Photo à titre d'illustration