L’habitacle de nos voitures est un vrai nid à pollution. Outre le benzène, les particules fines et les oxydes d’azote que nous respirons via la ventilation, une étude inédite dévoilée aujourd’hui montre que la pollution est aussi d’origine… interne. Des mesures effectuées par le laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris à la demande de la société d’entretien automobile Midas ont décelé des substances chimiques (composés organiques volatils, formaldéhyde) issues principalement des revêtements intérieurs.
Des polluants biologiques potentiellement allergisants, liés à la présence de moisissures apportées par les occupants ou la ventilation, ont aussi été retrouvés dans les poussières des sièges.
Après avoir analysé l’air d’une centaine de véhicules, le laboratoire a découvert que 41% d’entre eux dépassaient « la valeur cible » de confort pour les composés organiques volatils (COV), des substances irritantes que l’on retrouve aussi dans les produits de décoration, les vernis, les colles, les matières plastique. 23% des véhicules dépassaient la limite acceptable pour le formaldéhyde, un puissant irritant des yeux et des voies respiratoires.
« La fameuse odeur de voiture neuve est liée à la présence de ces composés organiques volatils qui sont connus comme des irritants des voies respiratoires, souligne le docteur Fabien Squinazi, médecin biologiste et ancien directeur du laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris. Les constructeurs ont fait beaucoup d’efforts sur leurs modèles récents pour choisir des matériaux peu émissifs en substances volatiles. Mais il est très important d’ouvrir régulièrement les fenêtres et de passer l’aspirateur comme on le fait à la maison car l’absence d’aération favorise l’accumulation des polluants. »
Début 2013, le centre écologique du Michigan, aux Etats-Unis, avait testé la toxicité de onze composants intérieurs présents dans 204 véhicules, montrant qu’ils contenaient des produits chimiques comme du brome, du chlore ou du mercure, dont les particules se répandaient au fil du temps dans l’air ambiant. Le directeur du centre de recherche estimait que « ces produits toxiques sont présents dans les véhicules à un niveau qui excède celui des maisons, des bureaux ou d’autres intérieurs ».
« Les constructeurs nous demandent de quantifier les composés organiques volatils émis par nos produits mais c’est de leur responsabilité que l’ensemble des pièces de l’habitacle ne dépasse pas les normes », estime un équipementier fabriquant des pièces en plastique. Pointant des risques d’asthme, d’allergies et de maladies cardiovasculaires qui pèsent sur les usagers de la voiture les plus fragiles (enfants, femmes enceintes, seniors ou malades), le docteur Squinazi estime que l’habitacle très réduit des véhicules « est sans doute l’un des lieux intérieurs où l’on s’expose chroniquement le plus à la pollution ».
Pollution : méfiez-vous de l’odeur de neuf de votre voiture - Photo à titre d'illustration