Préparation des concours: Les policiers rackettent les candidats

Selon les arrêtés n°007370 du Minfopra du 23 sept 2013 (portant ouverture d’un concours direct pour le recrutement de 130 personnels dans le corps des fonctionnaires d’active des Douanes, session 2013) et n°007371 du Minfopra (portant ouverture d’un concours direct de recrutement de 100 personnes dans le corps des fonctionnaires de la comptabilité-matière session 2013), des concours seront lancés entre novembre et décembre prochain. Objectif, réduire autant que faire se peut le problème du chômage en recrutant plus d’une centaine de jeunes.

Depuis lors, ils sont des milliers de candidats qui arpentent les couloirs et les alentours des services du gouverneur à Douala. Il faut bien prendre connaissance des affiches qui indiquent les modalités pour la composition des dossiers. Comme si se bousculer pour prendre les notes, certifier les documents, faire le certificat médical… ne suffisaient pas, les policiers s’en mêlent.
«Ce sont les policiers qui créent tout ce désordre. Voila que nous sommes déjà à 11h45min, et je n’ai toujours pas la fiche d’inscription. J’espère que la même scène d’hier (mardi 5 novembre 2013, ndlr) ne va pas se répéter, parce je suis ici depuis hier», se plaint Félix. Le jeune candidat au concours d’active des Douanes est sorti très tôt de chez lui ce mercredi 6 novembre 2013 pour retirer sa fiche d’inscription, l’une des pièces importantes pour la constitution des dossiers. Mais depuis, regrette-t-il, «on ne fait que se bousculer à cause des hommes en tenue qui se font soudoyer», accuse Félix. Son compagnon de circonstance affirme que «les policiers retiennent les fiches et nous disent qu’elles sont finies. Mais par derrière, ils vendent la fiche à 1000 Fcfa, alors qu’elle est en principe gratuite. Vraiment le Cameroun est terrible.» Des accusations que confirment Marcel, venu de Yaoundé pour participer au concours de la Douane. «Hier, raconte l’interlocuteur, j’ai vu comment ils nous ont refusé les fiches prétextant qu’elles étaient finies et ont commencé à les vendre aux plus offrants. Quand nous avons décrié leur comportement, ils sont passés à la méthode répressive.»

Paradoxe ? Dans le jardin de la bâtisse où de longues files se sont formées, des policiers distribuent lesdites fiches. «En rang, je vous dis. Si vous ne vous alignez pas je ne remets pas les fiches», gronde un policier. Si le reporter était sceptique sur une quelconque escroquerie, ce ne sera pas pour longtemps. A peine les agents ont commencé à distribuer le précieux document qu’ils affirment être à cours de stock. Mais, sous les regards inquisiteurs de certains, un policier s’arrête auprès d’un groupe de trois personnes. L’un d’eux envoie la main dans la poche, la retire et serre la main au flic. Celui-ci, en mettant sa main dans sa poche, laisse entrevoir un billet de 1000 Fcfa. «Vous êtes convaincue maintenant que ça s’est passé sous vos yeux?», lance Marcel. Difficile d’en douter.

Surtout quand un agent qui aide les candidats à constituer leurs dossiers dénonce l’attitude des «poulets» au sous-préfet de Douala 1er. Ekoa Mbarga qui revenait d’une réunion avec le gouverneur est interpellé par une fille. «Monsieur, il me faut changer ma fiche parce que je ne l’ai pas bien remplie. Mais les fiches sont finies.» Et à l’agent d’expliquer à l’autorité :« Les fiches sont terminées. Les policiers les ont toutes vendues.» Il faudra attendre le jour suivant. Corruption, quand tu nous tiens…