Le Québec connaît un phénomène sans précédent : ses cimetières manquent de dépouilles et risquent de disparaître.
Comme celle de tous les pays développés, la population québécoise vieillit. Mais paradoxalement, de moins en moins de personnes se font inhumer, nous apprend La Presse, journal québécois. Un réel problème pour la survie des cimetières, qui face à ce phénomène ont recours à toute sorte de stratagèmes pour récolter des fonds : appels aux dons, page de publicité dans la presse locale et offres promotionnelles. Tout est bon pour attirer de nouveaux résidents.
La faute de l’Eglise catholique
À l’image du cimetière de Saint-Eustache, à moins d’une demi-heure de Montréal, qui, il y a quelques années encore craignait le manque de place, aujourd’hui n’a plus les moyens de faire des travaux de rénovation. « Si ça continue, le cimetière va devenir de plus en plus abandonné. On n’a même pas les moyens d’avoir un employé à temps plein » déplore la responsable des lieux, Francine Doucette.
En cause, la mutation de la société québécoise et la baisse de la pratique religieuse. Face à cette tendance, l’Église catholique n’a pas su s’adapter à la nouvelle réalité : « Elle rebute un peu le client », pense le directeur général de la Fédération des coopératives funéraires. En parallèle, de récentes données montrent que la moitié des morts se font incinérer au Québec. Et comme la loi n’encadre pas la disposition des cendres, beaucoup se retrouvent ailleurs que dans la terre des cimetières.
Des morts pour la survie
« Beaucoup considèrent que payer 200 $ c’est trop cher pour faire creuser un trou. La culture est en train de changer », raconte Monique Morin, vice-présidente de l’Association des cimetières catholiques du Québec.
Le cimetière de Saint-Eustache se retrouve donc régulièrement à faire de la publicité dans des journaux locaux, « mais c’est difficile d’expliquer dans une pub les avantages de venir chez nous », concède Francine Doucette. Les cimetières vivent avec les défunts, les cimetières au Québec cherchent des morts pour survivre, triste constat.
Par Joséphine Terreissa
Québec : cimetière cherche dépouilles - Photo à titre d'illustration