Reportage/ Marcory,Treichville, Adjamé: Dans l'univers des racoleuses et des prostituées

  • 13/07/2015
  • Source : Soir Info
Elles vendent leurs charmes. A combien? De 1000 à 5000 FCfa la passe, selon la catégorie et le lieu. A l'air libre ou dans les chambres de passe, 1000 FCfa. Et dans les bars climatisés 5000 FCfa. Nous avons fait une incursion dans le monde du racolage et de la prostitution. Notre reportage.

Dans la commune de Marcory, la nuit tombée, les marchés sont transformés en lieu de prostitution. Le marché de Belle-ville, situé non loin de l'espace de divertissement appelé "les mille maquis" devient un antre des prostituées, dès la tombée de la nuit.

Pour en savoir plus sur ce milieu, il faut être d'une extrême discrétion. Parler le "nouchi" (argot ivoirien), s'habiller en jeans, tee-shirts, paires de basket.  
En ce lieu, des centaines de jeunes filles déambulent.

Aux abords du bitume jouxtant le marché de Belle ville, elles sont habillées en tenues choquantes : Jupettes et décolletés, par exemple. Certaines fument, d’autres accostent de potentiels clients pour proposer leurs services.

Ce business se fait avec la complicité de certains jeunes du quartier. Ils occupent les étals des commerçants, en prenant soin d’entourer le lieu de barrières faites de tables relevées sur le côté. A l’intérieur de cet abri de fortune, il n’y a pas de couchette.

Seulement des bancs formant un U. Mais comment font-ils l’amour dans cet endroit? "Les filles prennent appui sur le banc, le partenaire fait sa chose et se barre", explique Kra, un jeune homme d'environ 26 ans qui gère le "gbatta". C’est ainsi que l’on nomme ce lieu où des riverains servent de gardes de corps et de surveillants des filles.

Ces jeunes montent la garde, chaque nuit, à tour de rôle, devant le "gbatta" qui se trouve à l’intérieur du marché, dépourvu de tout éclairage. En contre-partie, les filles de joie louent le local pour accomplir leur libido.

Au premier passage, selon notre interlocuteur, elles donnent 200 F CFA aux jeunes de service et le deuxième passage, elles déboursent 1000 F CFA. Par nuit poursuit-il, les gérants engrangent, au bas mot, 150 000 FCfa. "Le week-end, la recette avoisine les 200 000 FCfa. Ils partagent cet argent entre eux. Ils sont souvent 5 personnes par nuit. Quant aux filles, elles peuvent empocher plus de 50 000 F CFA en une nuit", nous confie Robert, un autre jeune homme de 25 ans.

« 
Sous le hangar, trois à quatre couples peuvent entrer en même temps. Chacun faisant sa chose dans un coin du "gbatta", dans la pénombre », poursuit-il. Assis à à peine trois mètres de là, les jeunes regardent les filles et leurs partenaires rentrer et sortir. Avant d’entrer, le client paye la fille qui, sur le chemin passe chez le jeune de garde verser "son dû".

Au moins 50 m séparent le "gbatta" du bitume. Souvent, c’est lorsque le client met du temps pour éjaculer qu’éclate la bagarre. Dans la nuit du 29 juin 2015, au marché de "Belle-ville" où se trouve le "gbatta", nous observons comme les jeunes gardes du corps en face du "gbatta", au moins trois couples à l’intérieur.

Soudain, des voix s’élèvent de l'intérieur. Une prostituée sort du "gbatta" en tempêtant dans un français approximatif. Le garde du corps lui demande ce qui se passe. "C'est pas ce missié-là, il me fatigue", se plaint-elle. Au même moment, le client sort en remontant sa braguette.

Le jeune garde du corps lui dit de s’en aller. L’homme veut s’expliquer mais le jeune est catégorique: "tu te barres où je te saigne". Le client se fond dans la nature sans dire mot. La fille reprend la position en bordure de route, attendant d’éventuels clients.

Des proxénètes

De temps en temps, des agents de police effectuent des descentes en ce lieux. Cette nuit -là, ils sont une vingtaine, portant à l'épaule des fusils d’assaut. Ils forment des groupes en fonction du nombre de "gbattas".

Les gérants ne sont nullement inquiétés. Ils se saluent les flics dans leur jargon: "Bonsoir mon vieux... ", en signe de respect. "Ils viennent prendre pour eux", nous souffle, l'un d'eux. C'est-à-dire qu’ils viennent racketter les clients des racoleuses. Sur le champ, l’un des clients sort du "gbatta". L’un des policiers l'arrête. Ils est conduit dans le marché, loin des yeux et des oreilles indiscrets. Pendant ce temps, (...) Lire La suite sur Linfodrome