10 ans après, la disparition de Guy-André Kieffer un casse-tête

  • 16/04/2014
  • Source : APA
La disparition du journaliste franco-canadien en Côte d’Ivoire, dix ans après, reste une énigme pour ses familles biologique et professionnelle, ses amis et connaissances qui continuent d’appeler à la mobilisation pour que justice soit faite pour Guy-André Kieffer.

Journaliste indépendant, Guy-André Kieffer (55 ans au moment des faits)a disparu, le 16 avril 2004, sur le parking d’un supermarché à Marcory, commune au Sud d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne alors qu’il honorait un rendez-vous avec Michel Legré, l’époux de la sœur cadette de Simone Gbagbo, l’épouse de l’ex- président ivoirienLaurent Gbagbo.
 
Depuis cette date, aucune trace de ce journaliste « fouineur», laissant parents, amis et connaissances dans le désarroi. Même les enquêtes judiciaires n’ont pu démêler cet écheveau où les présumés témoins et autres inculpés disent une chose le matin et son contraire le soir.
 
En définitive, dix ans après, l’enquête est au point mort. Ce qui en ajoute aux souffrances des siens. 
 
«Dix années pendant lesquelles les enquêtes judiciaires amorcées n’ont pas abouti. (…)Les gouvernements qui se sont succédés en France et en Côte d’Ivoire ont envoyé des signaux mitigés quant à l’avancée de l’enquête » déplore, dans un communiqué, parvenu, mercredi, à APA, l’ONG Reporters sans frontières (RSF).
 
Arrivé en Côte d’Ivoire, au début de l’année 2002, un audit sur la juteuse filière cacao lui a été confié par l’ancien régime. L’audit mené par le journaliste met en évidence des « malversations » confirmées par un rapport de l’Union européenne sur « l’argent du cacao », publié fin 2005.
 
Outre le secteur agricole, Kieffer s’intéresse, également, au financement des ventes d’armes en Côte d’Ivoire, des groupes rebelles du Libéria, de la Banque Nationale d’Investissement (BNI) et du paiement des salaires des fonctionnaires de Guinée-Bissau par la Côte d’Ivoire. 
 
Sous différents pseudonymes, le journaliste franco- canadien, spécialiste des matières premières, notamment, le cacao, publie de nombreux articles critiques à l’endroit de l’économie ivoirienne, dans la presse locale qui l’adulait ou le brocardait selon les sensibilités.
 
En plusieurs occasions, après des « articles gênants », Kieffer avait été la cible de sérieuses attaques dans la presse proche du pouvoir du président Gbagbo.
 
Selon l’enquête menée en France par le juge Patrick Ramaël, le journaliste a été enlevé par un « commando proche de la présidence ivoirienne », composé de membres des services de renseignement. 
 
Elle indique, également, qu’il a été victime d’un piège tendu par Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, qui lui a donné rendez-vous sur le parking du supermarché où l’enlèvement a eu lieu.M. Legré a été incarcéré, quelque temps, à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) avant d’être relâché.
 
Le 6 janvier 2012, un squelette découvert à Issia (350 km au Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire), annoncé comme pouvant être celui de Guy-André Kieffer s’est trouvé comme un flop. Des tests ADN ayant montré qu’il ne s’agissait, nullement, pas de son corps.
 
On en est là, depuis. Sans nouvelles du journaliste franco-canadien dont la disparition est loin de connaître un dénouement, en dépit de la mobilisation sonnée par RSF qui organise, encore, mercredi, une campagne d’affichage à Abidjan jusqu’au 1er mai pour demander au président ivoirien Alassane Ouattara de respecter sa promesse faite en avril 2012 de « ne protéger
personne », rappelle le communiqué de RSF.
HS/ls/APA