S’il est un chanteur qui confirme, l’adage selon lequel un artiste ne meurt jamais, c’est bel et bien Robert Nesta Marley alias Bob Marley. En effet, décédé, le 11 mai 1981 à Miami aux États-Unis, cet auteur-compositeur est considéré comme l’icône indétrônable du Reggae.
Sa carrière a tellement les mélomanes à l’échelle mondiale que le jour de l’anniversaire de sa mor est célébré dans tout le monde entier. De Kingston à Londres en passant par les capitales africaines comme Abidjan ou Johannesbourg, le 11 Mai est une date mythique où l’on célèbre Bob Marley, mais au-delà de sa personne, c’est tout l’idéologie rasta qui est magnifié et promu.
A Abidjan comme dans plusieurs grandes villes africaines et européennes, l’on a organisé le week-end dernier des spectacles pour perpétuer le souvenir de ce Bob Marley dont les chansons continuent de bercer les âmes et d’éveiller les consciences parce que toujours d’actualités. Parce que justement, Bob Marley a fait découvrir au monde le reggae, un riche dérivé du blues qui a considérablement influencé la musique populaire occidentale.
Sa musique a touché tous les publics, transcendant les genres, comme en témoigne un large culte, encore en pleine expansion dans le monde entier à la fin du vingtième siècle. La dimension de Bob Marley est bien plus large que celle du simple chanteur capable de produire des succès populaires comme « Is This Love » ou « Could You Be Loved ».
Exprimant à l'origine l'affirmation de la dignité et la valorisation d'une identité Noire pour son peuple bafoué par des siècles d'esclavage (Slave Driver, Redemption Song), de colonialisme (Music Lesson, Crazy Baldhead) et d'oppression économique (Revolution), il incarne avec le mouvement rastafarien (Positive Vibration, War) l'éveil de son peuple à une révolution spirituelle contre un oppresseur qu'il décrit d'abord comme étant le fruit d'une imposture chrétienne (Get Up Stand Up), voire païenne (Heathen), capitaliste (Rat Race), corrompu, raciste et hypocrite (Who the Cap Fit) à la fois.
Avec une authenticité et une force sans doute inégalées depuis, il a été la première (et dernière ?) véritable superstar venue d'un pays pauvre. Parolier remarquable capable de s'approprier avec naturel des formules du langage populaire, n'hésitant pas à aborder les thèmes les plus universels, Bob Marley reste d'abord un symbole d'émancipation et de liberté.
Il est aussi devenu l'un des symboles universels de la contestation (Soul Rebel), voire de la légitime défense (I Shot the Sheriff), supplantant souvent dans l'inconscient collectif des politiciens comme Che Guevara (la proche révolution cubaine a marqué Bob Marley), le Jamaïcain Marcus Garvey, Malcolm X, Léon Trotsky,Nelson Mandela ou Thomas Sankara.
Son message est d’abord d'ordre spirituel et culturel, et assorti d’une incitation à la consommation du chanvre (Kaya, Easy Skanking), qui fait partie de la culture rastafari. Miroir de l'esprit rebelle des peuples opprimés, héros, exemple et modèle à la fois, Bob Marley est considéré par plusieurs générations déjà comme le porte-parole défunt mais privilégié des défavorisés.
Il a porté jusqu'à son paroxysme, la dénonciation de la négation de la personne noire, de la falsification des cultures africaine et afro-américaine par le pouvoir et les religions de l'Occident, du travail des historiens à la solde de ces régimes; (Zion Train, Music Lesson). Grâce au mouvement rasta (Forever Loving Jah, Rastaman Chant), Bob Marley a ouvert une voie qui ne se limite pas à la protestation d'ordre colonial et post-colonial.
Francis K.
13 ans après sa mort : Bob Marley, toujours aussi populaire - Photo à titre d'illustration