Le rêve que les frontistes nourrissaient de voir leur mentor, Laurent Gbagbo, recouvrer la liberté, commence manifestement à se briser.
Ils ne tirent leçon de rien. Depuis que le leader incontesté du Fpi, Laurent Gbagbo, s’est retrouvé le 30 novembre 2011 à la prison de Scheveningen près de La Haye, ses partisans ont toujours gardé l’espoir de le voir revenir en héros. Mais à chaque fois, ils ont été déçus. Plus qu’il y a 23 mois, l’horizon s’assombrit pour eux. Leurs vœux, prières et autres prophéties n’ont pas été exaucés.
En tout cas, pas hier. Malgré quatre précédents ratés (12 novembre 2012, 18 janvier 2013, 12 mars 2013 et 11 juillet 2013), le phantasme d’une libération de Laurent Gbagbo faisait encore vendre. La Cpi a une nouvelle fois brisé le rêve. Pour la cinquième fois donc (11 novembre), les juges ont rejeté la demande de remise en liberté provisoire formulée par son collège d’avocats. La page des illusions semble définitivement se fermer pour tous les frontistes qui ont fait de cette affaire leur fonds de commerce.
Les réfondateurs, et Affi N’guessan en tête, doivent donc se faire à l’idée que Laurent Gbagbo ne fêtera pas Noël à Mama ou ici à Abidjan ou dans un autre pays d’accueil sur le continent. Mais bien dans le froid à La Haye. Ils n’ont donc plus rien pour faire rêver leurs militants. Tout montre désormais que le jugement de Laurent Gbagbo aura bel et bien lieu. Certains lucides dans leur rang comprennent que la bataille est perdue. Et le discours commence à être plus nuancé. L’optimisme béat des premières semaines de son incarcération a fait place à l’inquiétude et au scepticisme.
Pour faire passer la pilule, le mot d’ordre officiel est de présenter désormais Laurent Gbagbo comme l’otage de la Cpi. Les mobilisations de partisans devant le pénitencier et les obstacles dressés par la défense n’ayant rien changé, Laurent Gbagbo doit préparer ses arguments face aux accusations de «co-auteur» indirect de crimes contre l’humanité. Face à ce qui s’apparente désormais comme une absence prolongée de son chef historique, le Fpi est contraint de mettre balle à terre et s’inscrire dans la dynamique de la réconciliation.
Las certainement de convoquer les pasteurs et autres prophètes pour tromper leurs militants, les ténors du Fpi se sont tournés vers les imams. On apprend, selon Notre Voie du 25 septembre 2013, que El Hadj Mamadou Traoré dit «Bombonssiba», imam d’Adzopé, du haut de ses 103 ans, avait prédit la libération de Laurent Gbagbo. Le centenaire encore très lucide a été sorti du chapeau pour montrer à tous que la prophétie n’est pas du bluff.
A leur corps défendant, les militants du Fpi constatent le fossé qu’il peut y avoir entre la justice locale et l’internationale où les procédures sont aussi longues que fastidieuses. Le plus dur pour M. Gbagbo était de ne pas se retrouver à La Haye. Il y a fort à parier que l’ancien leader du Fpi ne sera pas jugé avant plusieurs années. Surtout que c’est la Cpi qui finance ce procès. L’ancien président ivoirien s’étant déclaré indigent.
5ème rejet de la demande de remise en liberté provisoire/ Fpi : la fin des illusions - Photo à titre d'illustration