La 8e convention extraordinaire du Front populaire ivoirien (FPI) a pris fin le 22 février dernier à Abidjan en Côte d'Ivoire. Deux jours durant, Pascal Affi N'Guessan et ses camarades ont passé en revue la vie de leur parti avec en ligne de mire, la présidentielle de 2015.
Ce fut l'occasion pour eux de réaffirmer leur attachement à l'ancien président, Laurent Gbagbo, dont ils demandent d'ailleurs la libération. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le FPI n'arrive pas à faire le deuil de son mentor détenu depuis plus de deux ans à la Haye.
Pascal Affi N'Guessan, en cristallisant autant d'attention sur la personne de l'ancien président, fait preuve d'une grande intelligence politique
Tout se passe comme si l'ancien parti au pouvoir ne peut rien entreprendre de lui-même au point qu'il ramène tout à son fondateur. « L'Homme a tellement besoin d'un maître qu'il accepte parfois un tyran », disait si sagement Angusta Amiel-Lapeyre. Et ce ne sont pas les militants du FPI qui diront le contraire.
Pour preuve, un intervenant, avant la séance de clôture de la 8e convention, proposait que l'ancien président, Laurent Gbagbo, soit retenu comme candidat à la présidentielle de 2015, et cela, qu'il soit libéré ou pas. C'est dire à quel point les militants du FPI tiennent à leur leader qu'ils rêvent de voir à nouveau à la tête de l'Etat ivoirien. En fait, on ne le sait que trop bien.
Le président du parti, Pascal Affi N'Guessan, en cristallisant autant d'attention sur la personne de l'ancien président, fait là, preuve d'une grande intelligence politique. Car, en cherchant à capter l'aura de son mentor à qui il dit être beaucoup redevable, il embellit sa propre image ; toute chose qui le grandit politiquement surtout dans ce contexte pré-électoral.
L'homme sait que la libération de Gbagbo est bien plus qu'une utopie dans la mesure où cela ne relève plus de la compétence des autorités ivoiriennes ; mais pour s'attirer la sympathie des militants du parti, Pascal Affi N'Guessan n'a de cesse de remettre au goût du jour ce sujet.
Ce n'est ni plus ni moins qu'une démarche politicienne, ce d'autant que l'homme qui, naguère, fulminait contre le régime du président Alassane Ouattara, semble avoir aujourd'hui rangé son épée de guerre. En témoigne la marque de compassion dont il a fait preuve à l'égard du président Ouattara hospitalisé depuis environ deux semaines à Paris.
Il faut saluer l'annonce de l'ancien parti au pouvoir, d'aller à la présidentielle de 2015
Souhaiter prompt rétablissement à un adversaire politique est un acte hautement humain puisqu'il prouve qu'au-delà du combat d'idées, les hommes politiques sont avant tout des frères. Une telle démarche, faut-il le rappeler, ragaillardira politiquement Pascal Affi N'Guessan.
On se rappelle, du reste, que l'homme, il y a peu seulement, avait tiré son chapeau au président Ouattara en reconnaissant les changements opérés sur les plans infrastructurel et économique en trois ans de règne en Côte d'Ivoire. Cette sortie, plus d'un l'avait saluée à sa juste valeur, quand on sait que depuis longtemps, les militants du FPI s'étaient enfermés dans une logique malsaine, allant parfois jusqu'à vouloir nier l'évidence.
Tant mieux donc si Affi N'Guessan a fini par comprendre que passé le temps de la guerre, les Ivoiriens, sans exclusion aucune, doivent travailler à reconstruire leur pays. C'est en cela qu'il faut saluer l'annonce de l'ancien parti au pouvoir, qui a déjà boycotté deux élections, d'aller à la présidentielle de 2015 ; même si, pour l'instant, il s'est gardé de donner le nom d'un candidat.
Mais tout porte à croire que l'on s'achemine vers la candidature de l'ancien Premier ministre, Pascal Affi N'Guessan. Cela importe peu, l'essentiel est que le parti, comme il l'a annoncé, prenne part à l'échéance qui se profile à l'horizon. Car ce serait une présidentielle au rabais, si la deuxième force politique du pays, le FPI, s'abstenait d'y participer. Ce qui pourrait porter un nouveau coup dur à la démocratie ivoirienne.
8e convention extraordinaire du FPI: s'achemine-t-on vers une candidature de Affi N'Guessan ? - Photo à titre d'illustration