Dans le cadre de la tournée de remobilisation et de réconciliation nationale du Front populaire ivoirien (Fpi pro-Gbagbo), le secrétaire national chargé de l’informatisation et de l’organisation des bases de données du parti, Boli Saturnin, a échangé récemment avec les militants de Toumodi, au foyer polyvalent Allah Thérèse.
Abordant l’actualité politique nationale, l’ex-député de Ouragahio a fait savoir que les plateformes Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (Eds), avec pour leader Laurent Gbagbo, et la Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix (Cdrp), avec Henri Konan Bédié comme chef de file, travaillent au rapprochement. La conjugaison des efforts des uns et des autres devrait déboucher sur « quelque chose ». « La plateforme Eds et celle du président Konan Bédié sont au travail pour aboutir à quelque chose pour sauver la Côte d'Ivoire », a affirmé Boli Saturnin, sans donner plus de détails sur ce « quelque chose ». « Le président du Pdci est allé échanger avec son jeune frère Laurent Gbagbo. Tous deux ont parlé de la Côte d'Ivoire en lambeaux. Il faut que notre pays avance sur la voie de la démocratie et le développement », a signifié le chef de délégation.
Il a rassuré les militants de la participation du Fpi aux échéances électorales mais à des conditions. « Nous avons la volonté d'aller aux élections. Mais nous n’allons pas y participer sans poser des conditions. La Cei (Commission électorale indépendante) pose problème. Donc la condition sine qua non, c'est sa réforme. Et si on ne va pas aux élections parce que les conditions ne sont pas réunies, alors les élections n'auront pas lieu peut-être. La Cei est donc une préoccupation majeure. La Côte d'Ivoire est notre pays aussi. Et donc, nous n'allons pas accepter que le pays organise des élections et que plus de 60% de la population (...) soient exclus.
Aussi allons-nous nous battre jusqu'à la dernière énergie pour qu'on ait une Cei consensuelle », a expliqué Boli Saturnin. Il a aussi évoqué la question de la Carte nationale d'identité (Cni) au coût prohibitif, estime-t-il. « Le coût de la nouvelle carte d'identité qui est de 5.000 frs est aussi une préoccupation. Pour nous, c'est à dessein que le pouvoir a arrêté cette mesure. Les parents n'arrivent pas à se nourrir correctement et on leur demande de payer 5.000 frs pour établir une pièce d'identité », a relevé l’émissaire du Fpi de Laurent Gbagbo.
S’agissant de la réconciliation nationale, Boli Saturnin a critiqué l’attitude des autorités ivoiriennes, opposées à une libération totale de l’ex-président. « On ne peut pas dire qu'on veut la réconciliation et en même temps,
empêcher Laurent Gbagbo de rentrer chez lui », a expliqué M. Boli. L’ex-chef d’État, acquitté en première instance de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (Cpi), se trouve en liberté conditionnelle à Bruxelles. Il a voulu recouvrer la liberté totale, mais, dans une requête adressé à la Cpi, les autorités ivoiriennes ont souhaité que la liberté conditionnelle soit maintenue, prétextant une décision « sage et équilibrée » en l'état actuel de la procédure.
Cette posture du pouvoir ivoirien est naturellement décriée par les pro-Gbagbo qui voient une volonté d’empêcher leur leader de revenir en Côte d’Ivoire.
Boli Saturnin a terminé par un appel à la mobilisation des Ivoiriens afin d'obtenir la libération et le retour au pays de l'ex-président.
Auparavant, Koffi André et Fofana Moulaye, responsables locaux, ont rassuré la délégation de la détermination des militants de Toumodi à jouer leur partition dans la reconquête du pouvoir par le Fpi.
Gnandé TIA
A moins d’un an de la présidentielle, Bédié et Gbagbo préparent « quelque chose »/ Boli Saturnin : « Nous allons nous battre pour qu'on ait une Cei consensuelle »