A propos de la convocation du FPI à la gendarmerie

  • 09/05/2014
  • Source : FIDHOP
Déclaration de la FIDHOP relative à la convocation du FPI à la gendarmerie

 I- Le contexte
 
Malgré le climat sociopolitique délétère qui règne dans le pays depuis le transfèrement à la CPI du Président Laurent GBAGBO, le 30 novembre 2011, aggravé par celui du Ministre Charles BLE GOUDE, le 31 mars dernier, le régime au pouvoir en Côte d’Ivoire, incapable d’associer toutes les forces vives de la nation au processus devant de faire aboutir la réconciliation nationale, condition à tout développement, a préféré se projeter précipitamment dans la perspective de l’élection présidentielle de 2015, en lançant son projet de Recensement général de la Population et de l’Habitat (RGPH), en défiant quasiment le Front Populaire Ivoirien (FPI) qui s’y opposait.
 
De son côté, jugeant ce projet inopportun et tinté de visées électoralistes, le parti fondé par M. GBAGBO et que dirige M. Pascal AFFI N’GUESSAN a appelé ses militants et sympathisants, ainsi que tous ceux qui adhèrent à cette analyse, à boycotter cette opération de recensement.
 
Ainsi, constatant l’échec de son action sur le terrain, malgré les discours démagogiques de M. Albert TOIKEUSSE MABRI, Ministre d’Etat, du Plan et du Développement, le gouvernement Dunkan décida, au cours de son Conseil des Ministres du lundi 5 mai dernier de « prendre ses responsabilités ».
 
Et le soir du mercredi 7 mai, la FIDHOP apprendra que quatre hauts responsables du FPI, à savoir : MM. AFFI N’GUESSAN, Laurent AKOUN, Dr Richard KODJO et Mme Marie Odette LOROUGNON sont convoqués à la Brigade de Gendarmerie pour le 8 mai à 10H. Lors de leur audition, qui sera suivie de leur relaxe en début de soirée, une cinquantaine de personnes parmi les militants et sympathisants du FPI venus les soutenir, seront arrêtés et gardés à la préfecture de police d’Abidjan.

II- Notre analyse
 
1- La Fondation Ivoirienne pour l’observation et la surveillance des Droits de l’Homme et de la vie Politique (FIDHOP) constate que face à l’échec de sa politique hasardeuse, dont le projet inopportun du RGPH est une illustration, les dirigeants actuels de la Côte d’Ivoire ont choisi d’user de l’intimidation et de la violence sur l’opposition, plutôt que de négocier avec elle. Cette méthode confirme bien le caractère dictatorial du régime au pouvoir.
 
2- La FIDHOP fait observer qu’aucune disposition de loi en Côte d’Ivoire n’oblige le citoyen à se faire recenser ; surtout lorsqu’il n’est pas rassuré quant à l’usage que le pouvoir pourrait faire de ses données personnelles. De même, aucun parti politique d’opposition n’est tenu de soutenir les projets de ceux qui gouvernent ; surtout lorsqu’il est convaincu que la politique menée est ouvertement ou subtilement conduite en sa défaveur.
 
3- La FIDHOP note enfin que de façon générale, sur bien des sujets, le régime au pouvoir en Côte d’Ivoire est en déphasage avec les besoins prioritaires des populations, comme le révèlent les projets de la naturalisation des étrangers, le foncier rural, la construction de ponts, l’armement…, et le recensement général des populations et de l’habitat.

III- Nos exigences :
 
1. La FIDHOP demande au régime ADO de renoncer définitivement aux méthodes abjectes et rétrogrades d’intimidation et de violence, et d’opter pour la Démocratie, qui se fonde sur le respect des Droits de l’Homme et des Libertés (d’opinion ou d’expression), et sur le Dialogue et la Tolérance.
 
2. La FIDHOP exige un recadrage immédiat des priorités des dirigeants actuels du pays, en privilégiant plutôt la Réconciliation nationale, laquelle passe par la libération de tous les prisonniers politiques, dont M. et Mme GBAGBO, et le retour sécurisé et assisté de tous les exilés.
 
3. La FIDHOP soutient qu’elle tient principalement M. Alassane OUATTARA et son allié M. BEDIE pour responsables de toutes ces dérives totalitaires qui pourraient à la longue conduire le pays dans le chaos.
 
4. La FIDHOP demande à la Communauté internationale de constater avec elle cette dictature en action et d’en interpeller très vigoureusement le régime d’Abidjan.
 
5. La FIDHOP invite enfin les partis politiques, la Société civile, les Ivoiriennes et les Ivoiriens à ne point se laisser distraire, ni impressionner, ni intimider par ce régime dictatorial, car il s’agit du combat pour la Liberté et l’Indépendance réelles de la Côte d’Ivoire.
 
Fait à Paris, le 9 mai 2014
                
Dr BOGA SAKO GERVAIS
Président-Fondateur de la FIDHOP