À quelques mois de 2020, Les ténors politiques en première ligne

  • 23/11/2019
  • Source : L'Inter
C’est un constat. Depuis ces trois dernières semaines, le mercure du paysage politique ivoirien est sensiblement monté d’un cran. Les états-majors sont en ébullition. Les acteurs sont en mouvement. Les discours flambent. Les lignes bougent.

Au niveau du pouvoir comme de l’opposition, l’effervescence est bien manifeste. Au fur et à mesure que 2019 s’achève, a contrario que 2020 se rapproche, la classe politique occupe de plus en plus l’espace public.

Au Rhdp, parti au pouvoir, après le congrès constitutif de janvier 2019, l’on est passé à la vitesse supérieure, avec un maillage serré du territoire national, une installation en puissance des organes déconcentrés. À cette dynamique, une seconde a été impulsée : « sous le beau prétexte du déclenchement et du déploiement d’un plan social du gouvernement, le parti au pouvoir s’est mis en campagne, avant l’heure », observe sous le couvert de l’anonymat un diplomate étranger en poste à Abidjan. En première ligne, le gouvernement, porté par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, relayé par Hamed Bakayoko, Amadou Koné, Mamadou Sanogo, Touré Mamadou, Souleymane Diarrassouba, Sidy Touré Tiémoko, au centre et au nord du pays. Cette même ligne d’ancrage du Rhdp est amplifiée à l’ouest par Anne Ouloto, au sud-est par Marcel Amon-Tanoh et Daniel Kablan Duncan.

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), sous-section du Rassemblement démocratique africain (Rda), plus vieux parti politique sur le continent, après l’Anc en Afrique du Sud, n’est pas en reste. Passé dans l’opposition à la fin du dernier semestre de 2018, le vieux parti tente à coups de déclarations acerbes, de réunions, de donner le change au Rhdp, son ancien allié. Le président du Pdci-Rda est soutenu dans son rôle de déconstruction de l’image du Rhdp par son homme de main, l’inépuisable Maurice Kakou Guikahué. Autant dire que le Pdci se cherche sur ce point précis. Sans doute le salut pour le Pdci viendra-t-il de la nouvelle plateforme de l’opposition à laquelle semble tenir le Sphinx de Daoukro.

Au Fpi, les deux factions sont également dans la même tendance, toujours en rangs dispersés. Pascal Affi N’Guessan, président légal, a annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2020 ; et il ne cesse d’enchaîner les visites, les rencontres et les déclarations. À l’opposé, le camp gbagboïste vient d’annoncer par la voix de Lida Kouassi Moïse que Gbagbo, le prisonnier le plus célèbre de Côte d’Ivoire, est son candidat à la présidentielle de 2020. À l’image de Lida Kouassi, qui était le week-end dernier dans le Bas-Sassandra, cette frange du Fpi occupe le terrain, forme ses militants, étend sa toile.

Plus loin, l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, semble avoir choisi l’Europe comme sa base, son poste de commandement. Certains disent qu’il est en exil forcé. Peu importe, l’ancien chef du Parlement ivoirien ne manque aucune occasion pour se faire entendre. D’ailleurs, il en suscite de nombreuses. Dans le viseur de Soro, le président Ouattara et sa gouvernance. Il ne se passe plus de semaine sans que le parti au pouvoir n’essuie les tirs nourris de l’enfant de Kofiplé (Ferkessédougou).

Pour Sylla Mamadou, membre de l’observatoire de la démocratie en Côte d’Ivoire, « C’est un signe de vitalité politique et un bon baromètre pour la démocratie en Côte d’Ivoire que de constater un tel bouillonnement ».

On peut le soutenir, la liberté de ton et de mouvement, indépendamment des obédiences et des idéologies, est une réalité, et l’arène politique nationale connaît une vraie animation.

« Il faut encourager cette tendance qui constitue l’essence même de la pratique démocratique. La démocratie est débat, échange, la démocratie est liberté, respect des autres, la démocratie est responsabilité » renchérit Eby Joachim militant du Pdci-Rda.

Le pari est donc ici, dans la capacité de cette classe politique à jouer le jeu démocratique, en toute transparence et en responsabilité.

 

H. ZIAO