Ne vous étonnez pas de voir à cette période pré-électorale, des débauchages, des revirements politiques, des entourloupes et mauvais coup. C'est le signe que la présidentielle, l'élection la plus importante en Côte d'Ivoire, n'est plus loin. C'est au cours de cette période critique que les partis politiques reçoivent souvent de nouveaux militants, des sympathisants. C’est à cette période que des mouvements de soutien se créent et/ou se fondent dans des formations politiques. Ne vous y méprenez pas, ce n'est pas anodin.
S'il est vrai que pour peaufiner leurs stratagèmes de campagne ou de mobilisation autour de leur cause, des leaders politiques voire des candidats à l'élection présidentielle se tournent vers de potentiels militants et d'éventuels électeurs, la période est aussi celle des traquenards, d'un nouveau type de militants très actifs.
Annonces fracassantes pour des politiques qui changent de veste au profit d'autres formations politiques, des adhésions souvent inattendues, des départs douloureux pour le camp de l'adversaire. Ces pratiques sont de plus en plus visibles dans le pays. Non pas que les auteurs de celles-ci ne sont pas sincères. Mais cette situation cache bien des stratégies pour affaiblir l'adversaire. Des chevaux de Troie au cœur des dispositifs politiques et de campagne.
Pour les plus avertis de la politique, notamment en Côte d'Ivoire, des leaders d'opinion, des jeunes de partis, des femmes ou encore des acteurs de la société civile, véritables « mangeurs », attendent patiemment d'être servis par leurs différents états-majors, pour faire fortune. Pour les moins gourmands, c'est le ver qui reste dans le fruit jusqu'à l'éclatement total ou la défaite. Ils se sont incrustés dans la machine politique et électorale, avec pour objectif de ramener des informations cruciales à leur véritable camp. Non sans user de toute sorte de pratiques pour déstabiliser les équipes de campagne.
D’autres sont dans des partis ou plateformes de partis politiques, juste pour que des adversaires leur fassent appel contre espèces sonnantes et trébuchantes. Le plus souvent, en contrepartie, ils font des déclarations fracassantes pour salir leurs ex-alliés...
« Je remercie ceux des nôtres qui sont au cœur du Rhdp et grâce à qui nous avons survécu à bien des pièges mortels. Je leur demande de doubler de vigilance et d’affiner les canaux. Le moment venu, vous serez reconnus pour vos bienfaits… », avait affirmé Guillaume Kigbafori Soro, l'ancien président de l'Assemblée nationale, et président du Comité politique (Cp), avant l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2020. Transfuge du Rassemblement des républicains (Rdr) et désormais en rupture avec son ancien allié Alassane Ouattara, le député de Ferkessédougou a tweeté, le vendredi 11 octobre dernier : « information de première main reçue de nos amis incrustés au Rhdp : le Rhdp inscrira 1,8 millions, de personnes sur la liste électorale. C’est le sens de 2020 est bouclé, verrouillé… ».
Faut-il le noter, il n'est pas le seul à relever cette situation. Au Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) de Henri Konan Bédié, il se dit que les cadres qui ont rejoint le parti unifié (Rhdp), sont en réalité « au restaurant », comme pour dire qu'ils sont partis se faire une bonne santé financière en vue de mieux financer leur parti d'origine. Mais ces taupes n'existeraient pas seulement au sein du parti unifié comme l'a présenté le président du Cp, ils sont aussi au cœur de partis et groupements d'opposition. En tout cas, à en croire une source bien informée, au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), on mène des enquêtes en vue de débusquer ces « espions » qui se sont fondus dans la masse du parti unifié. On l'imagine bien, cette technique sera employée par les plateformes d'opposition actuellement en activité.
Hervé KPODION
Guillaume Soro