Du 28 au 30 mars 2017, des décideurs africains de tous bords se recentrent à Abidjan (Côte d’Ivoire) sur la « mise en œuvre des plans d’émergence en Afrique ». Une conférence à laquelle la RDC devrait prendre une part active. A Abidjan, on annonce la présence de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon parmi les panélistes.
L’économie mondiale est dans une phase de profonde mutation avec la modification des équilibres géostratégiques, l’apparition de nouveaux acteurs, l’approfondissement de la révolution technologique et ses conséquences sur les modes de production et de consommation ainsi que les défis de l’adaptation au changement climatique. L’Afrique au Sud du Sahara (ASS) doit trouver sa place dans ce nouveau contexte évolutif. Elle a certes connu des avancées notables avec une croissance économique moyenne de 5,5% depuis 2000 après une longue crise durant les décennies 1980 et 1990. Cette croissance reste cependant inférieure à celle des pays émergents ou en développement d’Asie (+7,9%). Elle apparait aussi faiblement diversifiée et très vulnérable aux chocs exogènes, comme l’indique son ralentissement (+3,8 %) en 2015, à la suite de la baisse des prix des matières premières.
En outre, cette croissance bien que soutenue ne s’accompagne toujours pas d’une dynamique de transformation structurelle et d’un accroissement significatif de la productivité. De même, l’ASS présente un taux d’investissement plus faible que celui de l’Asie émergente ou en développement (20,5% pour l’ASS en 2010-2015 contre 41,4% pour l’Asie émergente ou en développement). Enfin, l’impact de cette croissance sur les conditions de vie des populations demeure limité bien que l’indice de développement humain (IDH) de l’ASS ait progressé de 1,47% en moyenne annuelle entre 2000 et 20143. Sur les différents points mentionnés ci-dessus, la situation est plus favorable pour l’Afrique du Nord même si cette partie du continent aussi fait face à des défis majeurs liés notamment à l’inclusivité de la croissance.
L’Afrique en général, et l’ASS en particulier, se trouvent ainsi à la croisée des chemins. Dans ce nouvel environnement incertain et complexe, il lui faudrait non seulement réinventer son modèle de développement, mais aussi l’accélérer sa mise en œuvre tout en veillant à ce qu’il soit plus humain, plus inclusif et durable, conformément aux principes édictés dans l’Agenda 2063 de l'Union africaine (UA) et l’Agenda 2030 sur les Objectifs de Développement Durable (ODD). Plusieurs pays affichent une volonté résolue de s’inscrire dans cette perspective en déroulant des stratégies d’émergence économique.
Une analyse comparée de l’ASS avec l’Asie émergente ou en développement montre que le poids relatif de cette dernière dans le PIB mondial (PIB en parité de pouvoir d’achat) est passé de 9% en 1980 à 31% en 2015. La majeure partie de cette progression a été portée par la Chine (17,1% du PIB mondial en 2015 contre 2,3% en 1980) et par l’Inde (7% du PIB mondial en 2015 contre 2,9% en 1980). Bien qu’ayant connu une croissance relativement forte durant cette décennie, la contribution relative de l’ASS à l’économie mondiale a faiblement évolué. La part de l’Afrique dans la production de richesses mondiales n’est passé que de 2,4% en 1980 à 3,1% en 2015 après avoir même enregistré une chute entre 1990 (2,7%) et 2000 (2,4%), avec une croissance relative essentiellement portée par le Nigeria dont la part dans le PIB mondial est passée de 0,5% en 1900 à 0,9% en 2010 à la suite de la révision des comptes nationaux. Toutefois, sur la même période, la proportion de la population africaine dans le monde est passée de 8% à 13%. Ce rapide survol illustre bien que l’ASS n’en est qu’au début de son processus d’émergence et que les défis à relever sont encore nombreux.
Le porte-voix de la RDC
C’est donc pour accompagner cette dynamique que la Conférence Internationale sur l’Emergence de l’Afrique (CIEA) a été instituée dans le but de soutenir et faciliter le développement des capacités des pays africains à mieux planifier et mettre en œuvre l’émergence, mutualiser leurs expertises et documenter les bonnes pratiques en la matière.
La première édition de la CIEA (CIEA-2015), qui a eu lieu à Abidjan du 18 au 20 mars 2015, a permis de débattre sur trois thèmes : l’Etat développementaliste et l’émergence, les changements dans les modes de production et de consommation et l’émergence et le développement humain. La CIEA-2015 a été sanctionnée par une déclaration qui recommande, entre autres, l’organisation tous les deux ans d’un forum sur les bonnes pratiques en matière d’émergence et la mise sur pied d’un centre de veille stratégique.
Deux ans après cette première édition, et en vue de s’assurer que les pays ayant formulé des plans d’émergence se sont engagés dans la bonne direction, il est important d’apprécier si les politiques amorcées commencent à produire des effets, fût-ce seulement à l’état embryonnaire. Cette revue sera menée dans un nombre restreint de pays en vue de conseiller ceux qui ne seraient pas dans la bonne direction ou qui rencontreraient des difficultés de mise en œuvre. Cela préfigurera la revue par les pairs qui sera systématisée dans le cadre de l’Initiative pour l’Emergence de l’Afrique.
Sur place à Abidjan, on annonce la présence de l’ancien Premier ministre de la RDC, Matata Ponyo Mapon. Fort de la grande expérience qu’il a acquise en conduisant pendant près de cinq ans l’action gouvernementale, Matata Ponyo devrait faire le déplacement de la capitale ivoirienne pour partager se vison de l’émergence à l’échelle planétaire.
Abidjan accueille la semaine prochaine la 2ème Conférence Internationale sur l’émergence de l'Afrique