Burger King, Paul, Chicking et autres Tweat s’installent dans la capitale ivoirienne pour tenter de capter une clientèle d’urbains pressés.
« Ne dites rien à nos voisins : on leur fait croire qu’on ouvre un restaurant libanais ! » Le message, inscrit en gros sur une énorme bâche rouge recouvrant un petit immeuble en travaux, ne passe pas inaperçu. En cette mi-décembre, il fait même sourire, sur la rue des Jardins, célèbre artère coquette et commerçante d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne. Cela fait quelques semaines déjà que Burger King, la célèbre enseigne américaine de restauration rapide, a décidé d’annoncer l’ouverture de son nouveau restaurant par cette publicité osée. Burger King ou plutôt, Servair, la filiale de restauration aérienne d’Air France qui détient la licence exclusive de la marque américaine en Côte d’Ivoire – mais aussi au Kenya depuis 2016 et bientôt au Ghana.
Depuis l’ouverture de son premier restaurant en décembre 2015, dans le centre commercial Playce (lui-même une coproduction française des groupes CFAO et Carrefour), Servair a opéré un démarrage en trombe. En deux ans, sept « BK » ont été ouverts à Abidjan. Commune résidentielle de Cocody, principaux centres commerciaux, quartier d’affaires et aéroport : le quadrillage de la ville est bel et bien en marche.
Urbanisation et la congestion des villes
« La société ivoirienne est au rendez-vous, déclare Marc Deurenne, directeur chargé du développement de Burger King chez Servair. En 2017, nous avons vendu 500 000 tickets, soit près de 900 000 repas, à Abidjan, alors même que certains restaurants ont ouvert en cours d’année. » Résultat : un chiffre d’affaires 2017 annoncé de près de 6 millions d’euros. L’entreprise qui prépare l’ouverture de nouveaux restaurants prévoit de « dépasser allègrement » le million de tickets en 2018 à Abidjan. « Pour se lancer dans ce genre de business, il faut avoir une vision globale et à long terme. Car si l’investissement de départ est colossal, le retour sur investissement est assez long, plus de quinze ans, explique Claude Deorestis, directeur général adjoint Europe, Afrique et Moyen-Orient de Servair.
Avec la fin, en 2011, de la décennie de crise politico-militaire, un taux de croissance d’environ 8 %, l’émergence visible d’une classe moyenne, l’arrivée de multinationales, d’institutions régionales et de leurs cohortes d’expatriés, la Côte d’Ivoire fait aujourd’hui fantasmer nombre d’acteurs mondiaux de la restauration rapide. La chaîne française de boulangerie et restauration rapide Paul, installée dans le pays en 2013, y possède aujourd’hui quatre établissements. Ces dernières années ont vu aussi débarquer des spécialistes du poulet pané, tels que le dubaïote Chicking et la chaîne Tweat du pétrolier français Total, mais aussi nombre de bars à sushis...
Abidjan, novembre 2016. CRÉDITS : ISSOUF SANOGO/AFP