Le dimanche 15 mai dernier sur la splendide plage d’Adiaké lors de la cérémonie de clôture de la première édition d’Elê festival d’Adiaké 2016, des échauffourées ont eu lieu, avant l’arrivée des autorités entre les partisans du roi du Sanwi, Nanan Amon N’douffou V et ceux du roi des Bétibé(Ehotilé) Abakuaba N’gbandji II.
Le peuple Bétibé a refusé à ce que le siège royal du Sanwi prenne place à la cérémonie. En dépit des interventions des autorités et cadres d’Adiaké, les Ehotilé sont restés sur leur position.
Pour en savoir plus sur l’origine de cet incident, le porte-parole des Chefs de la royauté Bétibé, Nanan Soussoubié Antoine, Chef du village de Kakoukro Commune, fait en partie l’historique : « Dans la grande région du Sud-Comoé jusqu’au fleuve, il y avait deux peuples.
Les Agoua du côté bia et les Bétibé du côté Sud. En 1700, les Brafê (Agni du Sanwi venus du Ghana, se sont installés dans la région d’Aboisso. Etant des guerriers, ils ont décidé de faire le vide autour d’eux en s’attaquant aux Agoua, qui par la suite ont été vaincus.
Après renseignements, les Brafê décident d’attaquer les Bétibé (Ehotilé, peuple sorti de l’eau). Et de stratégies en stratégies, ne connaissant pas l’eau, ils vont abattre des arbres et les étaler sur l’eau afin d’atteindre les iles Ehotilé. Avant leur arrivée, une partie du peuple Bétibé qui y vivait, conduit par Ollo, s’est déporté à Grand-Bassam.
Ce sont les villages de Vitré 1 et Vitré 2. Avant l’attaque contre les Bétibé, le peuple Essouman d’Assinie-Mafia venu également du Ghana, que les Bétibé ont installés sur l’une des Iles Ehotilé, nommée Abokon, ont accueilli à bras ouvert les Agni du Sanwi venus avec 11 fusils de calibre 12. Après la bataille contre les Bétibé qui ont été vaincus, une mésentente naît entre les Agni du Sanwi et les Essouman.
Les Agni ont imposé leur dicta aux Bétibé. Il s’agit entre autres, l’interdiction de leur ethnie ‘’le Bétiné’’ sous prétexte de couper leur langue, le mariage entre Bétibé…», a-t-il indiqué.
Après la colonisation, l’ère de l’indépendance et aujourd’hui avec le modernisme, le peuple Bétibé décide alors de se reconstituer, s’organiser en reprenant en main ce qu’il a hérité de ses ailleux. A savoir, la tradition, et la royauté.
D’où l’intronisation de leur roi le 26 mai 2015(ndlr), à Etuéboué, en la personne de Abakuaba N’gbandji II et celui d’Assinie dans le courant du moi de juin 2015. Malheureusement, selon nos sources, cette intronisation n’est pas du goût du roi de Krindjabo.
Un courrier officiel aurait même été adressé au Ministère d’Etat, Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité pour l’interdiction de ces différentes intronisations. Des lettres de menaces auraient également été envoyées aux peuples Bétibé et Essouman, signifiant que dans le Sud-Comoé, il y a un seul roi. Celui du peuple Sanwi.
Les autres intronisés ne sont que des gardiens de trône. Ce que les Bétibé et les Essouman refusent d’entendre. S’installe alors une mésentente entre le roi des Bétibé et celui du Sanwi, Sa Majesté Nanan Amon N’douffou V. Pour trouver une solution à cette crise, plusieurs démarches ont été menées par les cadres de la région.
Mais pourquoi l’incident d’Adiaké ? Voici ce qu’en dit Nanan Soussoubié Antoine. « Lors de la présentation du livre de Mme Henriette Diabaté à Krindjabo, les Agni d’Aboisso, par la voix de leur porte-parole, ont officiellement affirmé l’interdiction des rois des Bétibé et des Essouman.
Partant de cette histoire, lors de la journée d’hommage au Président de la République S.EM. Alassane Ouattara à Aboisso avant sa tournée dans le Sud-Comoé, le roi de Krindjabo n’a pas digéré la présence des rois des Bétibé et des Essouman à cette cérémonie.
Dès l’arrivée de nos roi Abakuaba N’gbandji II et Nanan Awoula Fian Mossou V, celui des Agni du Sanwi s’est retiré de la cérémonie plutôt que prévu.
C’est le premier incident. Deuxième incident à l’endroit de notre roi, c’est le jour de la cérémonie de clôture de la visite du Président Alassane Ouattara.
Sur le lieu de la cérémonie, le roi du Sanwi a laissé des consignes à ce que la chaise royale de celui des Bétibé ne soit pas installée. Qu’on donne place aux rois des Bétibé et des Essouman sur chaises ordinaires, sous prétexte qu’il n’y a pas deux chaises royales dans le Sud-Comoé. D’où la riposte à Adiaké», s’est-il exprimé.
Suite à la non recevabilité du roi de Krindjabo, accueilli à la résidence du Maire Hien Sié avec les officiels de la cérémonie d’Elê festival d’Adiaké 2016, est rentré dans sa royauté, avant que le roi des Bétibé n’arrive à la cérémonie, en peine intervention du Ministre Albert François Amichia.
Informations confirmées par des visiteurs venus d’Aboisso qui ont effectivement signifié que le roi de Krindjabo ne reconnait pas celui des Bétibé et des Essouman. Au prétexte que le Bétibé (Ehotilé serait sorti de l’eau), n’a pas droit à une royauté.
Tout comme les Essouman venus du Ghana. Joint au téléphone le mardi 17 mai 2016 à 17heures pour donner leur version des faits qui leurs sont reprochés, le Secrétaire Général du roi de Krindjabo a refusé tout commentaire avec la presse.
« Nous n’avons rien n’à dire aux journalistes. Nous refusons toute communication avec les journalistes. N’insistez pas », a-t-il martelé.
Alors la question que l’on se pose, les peules Bétibé et Essouman n’ont-ils pas le droit d’autonomie ? Etant donné que ces trois peuples n’ont pas la même culture dans le fond.
Au regard de ce qui précède les cadres Bétibé, Sanwi et Essouman doivent dès à présent prendre le taureau par les cornes afin d’éviter les conséquences graves. Affaire donc à suivre.
CIRUS BITI
Photo:DR / Abakuaba N'gbandji II (à gauche) et Nanan Awoula Fian Mossou V(à droite) contestés