Adjamé/ Black Market Ici, chacun assure sa propre sécurité

  • 18/08/2014
  • Source : Le Nouveau Consommateur
Le temps d’une enquête, LNCH s’est retrouvée au Black-Market d’Adjamé, le 11 août pour vivre une ambiance particulière.

Il est bientôt 8 h, ce lundi 11 août, et nous sommes à Adjamé dans le célèbre « Black-Market ». À cette heure de la journée, le site de 100 m2, situé entre la grande mosquée et l’immeuble Mirador, grouille déjà de monde.

Chacun essaie de se frayer un chemin en évitant les voitures qui circulent. Les commerçants n’hésitent pas à héler les clients. Tous les moyens sont bons pour se faire remarquer. Si certains vendeurs se contentent d’appeler les clients en leur inventant des prénoms, d’autres par contre tirent les passants de force pour les emmener à leurs boutiques. Pour éviter de nous retrouver dans cette situation, Ahmed, vendeur de parfums, nous fait une confidence : 
 
« Quand on marche ici, il faut regarder droit devant sans jeter un coup d’œil à gauche ou à droite. L’idéal serait de connaître l’endroit où l’on se rend ». 
Le marché est vaste et l’on y vend toutes sortes d’articles. Les plus prisés sont les téléphones mobiles (smartphones, tablettes tactiles…) et autres appareils électroniques (appareils photo, caméscopes, ordinateurs portables…) dont les prix vont de 2000 à 500 000 FCFA, voire plus. Tout dépend du vendeur. L’important, c’est de discuter. Que ce soit pour des achats ou des trocs. 
 
Le troc, une particularité de ce marché
C’est justement l’une des particularités de ce marché. Les clients ont la possibilité de troquer leurs appareils électroniques contre des appareils neufs moyennant un peu d’argent. Dans ce cas, l’appareil troqué devient une seconde main que le vendeur essaiera de revendre à bas prix à d’autres clients. Le téléphone destiné à être troqué, faut-il le préciser, doit être dans un bon état. 
 
Grâce au troc, le client a la possibilité d’acheter des téléphones ‘‘2e main’’ sans grandes fonctionnalités, communément appelés 
« djomolo », à moins de 5000 FCFA. Ils servent à envoyer des SMS et émettre des appels, sans plus. 
 
Attention à l’arnaque ! 
Toutefois, attention à l’arnaque ! Diomandé Mama, étudiante en communication, nous confie avoir déjà été grugée : « Après la présentation d’un téléphone en bon état, répondant à toutes mes attentes, je n’ai pas hésité à faire le troc en ajoutant 35 000 FCFA. De retour à la maison, j’ai retrouvé dans le carton un caillou à la place du téléphone. Je me suis rendue à l’endroit où je l’avais acheté, mais le vendeur n’y était plus. Depuis ce jour, je préfère acheter les téléphones dans les magasins qui proposent une garantie.» 
 
Non loin du lieu où nous nous trouvons, nous apercevons des personnes en train de fouiller un lot de vêtements à même le sol. En nous rapprochant d’un peu plus près, la voix du vendeur se fait entendre: 
« Venez payer ! Venez payer ! Mini-jupes, culottes, à 300 FCFA seulement. Venez payer !»
 
« Fouillez-gagnez»
Ici, réactivité et coup d’œil vont de pair. On y pratique une technique appelée, 
« fouiller-gagner ». Elle consiste à rechercher dans une pile de vêtements appelée « balle », le vêtement qui apportera une touche particulière à la garde-robe. On nous fait savoir que les matins à 6 h, on peut trouver des robes, sous-vêtements, vestons, etc. à 200 ou 300 FCFA. Plus haut, des vêtements et accessoires pour hommes (chapeaux, 
 
T-shirts, colliers, chemises...) vendus entre 1500 et 7000 FCFA. 
De l’autre côté, l’on retrouve des jeunes avec des pantalons jeans en main, les vendant aux passants. Pour les essayer, les clients sont escortés dans un couloir utilisé comme vestiaire. Si le client est satisfait, il peut l’acheter à 1000 FCFA au moins. Au « Black Market », on vend presque tout. Chaussures de marque, bijoux, appareils électroménagers, téléphones mobiles, vêtements hommes et femmes, etc. 
 
Hermann Wilfried Boni