L’ancien chef de l’escadron blindé de la gendarmerie nationale de Côte d’Ivoire Abéhi Jean Noel n’était pas le seul à fourbir le coup de force qui devrait installer un nouveau pouvoir à Abidjan en décembre 2012.
C’est l’information qu’il a livrée aux juges d’instruction lors de son audition, selon une source proche du tribunal militaire d’Abidjan (TMA). «Il a cité des personnes qui doivent être obligatoirement interrogées avant l’ouverture de son procès», indique notre interlocuteur.
Prévu pour le 25 octobre prochain, le procès a été ajourné d’une à deux semaines, le temps d’auditionner ces complices cités par le prévenu afin de réunir suffisamment de preuves. L’instruction bouclée, l’ex chef de l’escadron blindé sera devant les juges pour expliquer les raisons qui l’ont poussé en fin 2012 à vouloir porter le coup de glaive à la mère patrie.
En effet, après avoir réussi à prendre la poudre d’escampette en juillet 2011, suite à une convocation du tribunal militaire d’Abidjan à l’effet de s’expliquer sur les présomptions de crimes et d’exactions perpétrés pendant la crise postélectorale, avec injonction d’y aller sans arme et sans éléments, l’ancien patron de l’escadron blindé d’Agban a vite fait de glisser dans la pénombre comme un silure et trouvé refuge au Ghana pour mieux préparer ce qu’il qualifiait de ‘’match retour’’.
Depuis sa terre d’exil, l’activiste invétéré, avec la complicité d’autres militaires pro-Gbagbo, concocte un plan funeste dont la mise en oeuvre était prévue à la fin de l’année 2012. Cependant, le coup en préparation est déjoué. Au parfum de des faits et gestes de celui qui était l’un des piliers de l’armée sous le défunt régime des refondateurs, les autorités ivoiriennes ont, en outre, joué la carte de la vigilance jusqu’à son arrestation le 5 février dernier au Ghana et son extradition le lendemain en Côte d’Ivoire.
Et le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko sur le plateau de la RTI1 en juin dernier a levé un coin de voile sur le coup qui a été rondement préparé par ces revanchards et qui piteusement a foiré sur les berges de la Lagune Ebrié. Non sans mettre à découvert et faire tomber des masques. « Nous serons intraitables face aux déstabilisateurs et sur la question de la stabilité du pays. Quels que soient vos rangs, si vous travaillez en intelligence avec les agents de déstabilisation, nous allons réagir promptement et sévèrement », avait indiqué d’un ton ferme, le premier responsable de la Sécurité, Hamed Bakayoko.
Tout en autorisant la première chaine de télévision ivoirienne à diffuser des éléments de preuves audiovisuels où l’on voit le commandant, Jean-Noël Abéhi, en personne, lire une déclaration préenregistrée annonçant la prise de pouvoir par les armes. Écroué par le tribunal militaire, celui qui ruminait une revanche sanglante sur le pouvoir d’Abidjan délie la langue et dénonce tous ceux qui étaient impliqués dans la tentative de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Ceux des Ivoiriens qui étaient septiques quand les autorités ont mis à nu, l’ignoble coup, doivent maintenant déchanter.
Le cerveau du putsch, frappé de remord s’est mis à table et a avoué littéralement son forfait. Jean Noël Abéhi demande pardon pour son acte cupide.
Lacina Ouattara
Affaire Coup d’Etat manqué de fin 2012 : Abéhi passe aux aveux et cite ses complices - Photo à titre d'illustration