Un millier d'Ivoiriens se sont réfugiés au Burkina Faso voisin après des affrontements entre éleveurs et agriculteurs qui ont fait au moins 17 morts à Bouna, grande ville du nord-est ivoirien, alors que la situation humanitaire reste préoccupante.
"A la date d'hier (dimanche), nous avons reçu 1316 personnes qui se sont réfugiées dans notre province. Ce sont majoritairement des femmes et des enfants", a déclaré à l'AFP un haut responsable administratif de la province du Noumbiel, localité frontalière de la Côte d'Ivoire.
Ces réfugiés ont été hébergés à Batié, chef-lieu de la province du Noumbiel à une soixantaine de kilomètres de Bouna, et à Kpéré, commune burkinabè la plus proche de la frontière ivoirienne.
"Nous avons mis en place une cellule de crise constituée des autorités locales et des services de secours d'urgence. Nous avons reçu du matériel de survie de Ouagadougou composé de matériels de couchage, de nourriture mais tout ça ne suffira pas à prendre en charge ces personnes qui continuent d'arriver", a expliqué cette source, jointe au téléphone.
Situation préoccupante
Fuyant les violences et dans la crainte de nouvelles échauffourées, plusieurs milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont trouvé refuge à la base de l'Opération des Nations-Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) et à la résidence du préfet.
D'autres populations craignant également une extension du conflit ont aussi décidé de partir vers des endroits plus sûrs. Celles-ci sont visibles sur les routes, baluchons sur la tête pour certaines et bébés au dos pour d'autres.
Selon le constat d'un responsable local, des sites d'accueil de fortune sont bondés de monde, et des besoins en assainissement, en médicaments et en alimentation sont de plus en plus accrus.
"Les violences ont cessé mais le problème aujourd'hui c'est la situation de promiscuité et ses conséquences que vivent les déplacés", note-t-il.
Face à la situation, les autorités militaires ont trouvé une solution intermédiaire consistant à escorter les déplacés.
"Au lieu qu'ils restent sur ces différents sites, nous allons les ramener chez eux et assurer leur sécurité", a expliqué le commandant des forces terrestres de l'armée ivoirienne le général Soumahoro Gaoussou qui a, par ailleurs, annoncé le désarmement "systématique" de toutes les personnes non autorisées qui circulent avec des armes.
Le bilan conflit entre des éleveurs et des agriculteurs qui a démarré dans la nuit du 23 au 24 mars reste encore flou. La presse évoque tantot 17 morts, 22 morts ou 23 morts.
Néanmoins, parmi les morts figurent plusieurs soldats des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) venus s'interposer entre les parties belligérantes.
Cependant, ce genre de conflit, récurrent, en Côte d'Ivoire, dans le sud et l'ouest du Burkina n'aura jamais fait autant de victimes.
Les dégâts causés sur les cultures par les troupeaux de boeufs ou de moutons en transhumance sont souvent source d'affrontements meurtriers entre Peulhs nomades et agriculteurs sédentaires.
Avec AFP et Xinhua
Photo à titre d'illustration