Un bombardement américain contre des talibans a tué 16 policiers afghans vendredi, visés par erreur au cours d’une opération contre les insurgés. Le bombardement s’est produit dans le Helmand (sud de l’Afghanistan), province largement sous contrôle des talibans et qui produit à elle seule environ 85 % de l’opium afghan, principale source de revenus des insurgés.
Seize policiers afghans ont été tués parmi lesquels deux commandants
La frappe aérienne, attestée dès vendredi soir par le siège des forces américaines à Kaboul, s’est produite « vers 17 heures : seize policiers afghans ont été tués parmi lesquels deux commandants, deux autres ont été blessés ». « Les policiers avaient fini de nettoyer le village de Pachava dans le district de Gereshk [150 km à l’ouest de Kandahar] et de chasser les talibans quand les Américains ont bombardé », a indiqué ce samedi matin le porte-parole de la police du Helmand, Salam Afghan.
Toujours selon cette source, « une demi-heure avant la frappe, les talibans étaient bien présents mais les forces afghanes avaient repris le contrôle de la zone quand ils ont essuyé le bombardement ». « Ce n’était pas délibéré, les policiers ont été visés par erreur » a-t-il insisté.
Le ministère de l’Intérieur va conduire « une enquête complète sur l’événement »
Le ministère de l’Intérieur a envoyé une délégation sur place pour conduire « une enquête complète sur l’événement », a assuré le porte-parole du ministère de l’Intérieur à Kaboul, Najib Danish.
Dès vendredi soir, la mission de l’Otan a précisé que les tirs avaient eu lieu dans « une zone du sud de l’Afghanistan en grande partie contrôlée par les talibans » et a annoncé l’ouverture d’une enquête interne, présentant également ses condoléances « aux familles frappées par cet événement fâcheux ».
Les forces américaines sont les seules à conduire des frappes aériennes
Pour rappel, au sein de la coalition occidentale, les forces américaines sont les seules à conduire des frappes aériennes contre les talibans et l’organisation de l’Etat islamique, au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais au fil du temps, les bavures répétées des forces étrangères alimentent la colère de la population.
Le dernier incident d’ampleur, en février 2017, avait fait 18 morts parmi la population du Helmand (sud), province voisine de l’Uruzgan, selon la Mission des Nations Unies en Afghanistan (Manua).
En novembre, une frappe officiellement dirigée contre de hauts responsables talibans dans la région de Kunduz (nord) avait fait 32 morts et 19 blessés, dont de nombreuses femmes et enfants, selon une enquête de la Manua, et déclenché des manifestations de colère. Le 14 juillet, des sources locales ont annoncé que huit civils afghans avaient été blessés dans une frappe aérienne en Uruzgan (au nord du Helmand), attribuant ce raid aux « forces étrangères ». Après enquête, un porte-parole militaire américain avait toutefois démenti, affirmant « qu’aucun raid n’avait été mené sur la province de l’Uruzgan ce jour-là ».
Un membre de la police afghane inspecte le site d'un attentat suicide près de Kaboul, en août 2016. — Rahmat Gul/AP/SIPA