Ancien syndicaliste et patron de l’ANC, ce richissime homme d’affaires remplace Jacob Zuma à la tête de l’Afrique du Sud. Mais est-il le mieux placé pour réformer le pays ?
C’est une reddition totale, sans condition. Après des semaines de résistance, Jacob Zuma a déposé les armes. Dans la soirée du 14 février, en direct à la télévision, il a piteusement annoncé sa démission de la présidence de la République. Il n’aura obtenu ni le sursis qu’il réclamait encore quelques heures plus tôt sur la même antenne, ni de protection pour ses amis.
À preuve : le jour même, les Gupta, cette fratrie d’hommes d’affaires d’origine indienne avec laquelle il entretenait des liens financiers incestueux, ont été la cible d’une spectaculaire opération de police.
Un scénario idéal pour son tombeur, Cyril Ramaphosa, qui, à 65 ans, prend le pouvoir en évitant une lutte fratricide au sein du Congrès national africain (ANC). Il a désormais les mains libres pour démanteler les réseaux de Zuma, qui ont fait tant de mal au parti.
Épouvantail
Ce dénouement n’est intervenu qu’au terme de plusieurs mois d’une bataille incertaine, pour l’essentiel livrée en coulisse. Candidat à la présidence de l’ANC lors de son congrès de décembre 2017, Ramaphosa ne l’avait en effet emporté que de justesse (2 440 votes contre 2 261) face à Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ex-épouse du chef de l’État.
Plusieurs alliés du clan Zuma avaient même été élus parmi les nouveaux dirigeants. Le président sortant paraissait alors en mesure de résister, au moins jusqu’à la fin de son mandat, en 2019.
Sourire enjôleur aux lèvres, Ramaphosa se gardait de dévoiler ses véritables ambitions, mais s’activait déjà avec ses armes favorites : diplomatie, patience, discrétion...
Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa, du commerce des mines à la tête de la nation arc-en-ciel