Une page se tourne dans la vie politique sud-africaine. Le leader zoulou Mangosuthu Buthelezi a décidé, à 89 ans, de lâcher les rênes de son parti, l'Inkatha Freedom Party (IFP) à la prochaine conférence élective. Il l'avait fondé en 1975 et l'aura donc dirigé pendant 42 ans. A sa tête, Buthelezi aura été l'une des figures incontournables de l'Afrique du Sud pendant la période de transition post-apartheid.
Mangosuthu Buthelezi a longtemps incarné à lui tout seul la région du Kwazulu-Natal, dans le sud du pays. Il en a été le Premier ministre régional de 1972 à 1994. Mais bien plus que cela, il a combattu pour l'indépendance de la région. Il souhaitait en faire une monarchie constitutionnelle zoulou et s'installer sur le trône.
Un rêve enterré par l'ambition de son rival de toujours Nelson Mandela de bâtir une nation arc-en-ciel. Car si Mangosuthu Buthelezi a commencé par militer avec l'ANC, il crée le parti de l'Inkatha en 1975 et se retourne contre l'ANC quatre ans plus tard. Jusqu'à ce qu'éclate une guerre civile entre les deux partis dans les années 1980, faisant plus de 10 000 victimes. Une guerre à l'époque pour s'attirer les faveurs de l'ethnie Zoulou, la principale ethnie du pays.
Mandela fera alors de Buthelezi son ministre de l'Intérieur dans son gouvernement d'union nationale quelques années plus tard. Mais l'ANC continue d'accuser Buthelezi d'avoir pactisé avec le régime de l'apartheid en se faisant livrer des armes pour combattre les militants de Mandela.
Depuis les élections de 1994, l'Inkatha a entamé une longue chute dans les urnes, y compris dans le Kwazulu-Natal. Et le départ de son leader charismatique pourrait lui être fatal.
Mangosuthu Buthelezi durant un débat au Parlement sur la motion de défiance contre le président Jacob Zuma, le 10 novembre 2016, au Cap. © RODGER BOSCH / AFP